Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793
8 1 DANTON ÉMIGRÉ.
de tous les groupes philosophiques et politiques : Condorcet, Achille Duchâtelet, le cardinal de Brienne et sans doute aussi Danton, qui, comme le républicain anglais, appartenait à la franc-maconnerie (1)? Ou bien est-ce -par Talleyrand, que le dernier avait contribué à maintenir à Londres, au mois de septembre 1799, après la révolution du 10 août, que ces relations finirent par se nouer? ou seulement par la sympathie des principaux Whigs pour les révolutionnaires français et pour leur tentative sociale?
Nous ne le savons pas au juste, et il est bien probable que toutes ces influences concoururent au résultat.
— Talleyrand? l’ancien évêque d’Autun ? l’ex-député à la Constituante? le futur prince de Bénévent? Mais, quels rapports ont jamais pu exister entre Danton et lui; comment s'étaient-ils vus, fréquentés, connus?
Voici.
En 1791, ils faisaient partie du directoire du département de la Seine, ils étaient collègues d'administration, et c'est là qu’ils purent s’apprécier l’un et l’autre et entrer en relations, une circonstance grave étant venue à les rapprocher.
… Le 18 avril 1791, le roi avait résolu de partir pour Saint-Cloud. C’était le premier acte du drame de Varennes. Bailly et La Fayette, le maire de Paris et le commandant général des gardes nationales de la Seine, étaient d'avis d'autoriser et même de protéger le départ; ceux qui agissaient pour le duc d'Orléans y avaient trouvé une occasion favorable de déblayer pour lui les marches du trône; mais les politiques du département, dont Tal-
(1) C'est aussitôt après ce voyage que Paine, de retour à Londres, imprima cette sorte de prophétie : « C’est un fait connu de tous ceux qui ont été récemment en France, qu'un changement irès extraordinaire s'opère dans l’esprit du peuple de ce royaume ; changement qui rendra la France formidable aussitôt que son gouvernement voudra saisir l'heureuse occasion qui se présente, pour doubler sa force en unissant, s’il est permis de le dire, la majesté du souverain à la majesté de la nation. »