Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880
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gieuses, ecclésiastiques ou laïques, sans exception.
Les congrégations religieuses constituaient, au double point de vue économique et politique, un danger permanent pour l'intégrité de l'État; les supprimer, ou en limiter l'extension en les assujettissant au contrôle souverain du pouvoir civil, ce n'était pas porter atteinte à la liberté de conscience ni compromettre les intérêts de la religion. Comme citoyens, leurs membres ne peuvent prétendre à des priviléges; comme association, ils ne doivent pas constituer un État dans l'État; dans tous les cas, il faut qu’ils se soumettent à la loi commune.
La démocratie française était trop clairvoyante pour se laisser égarer par des sophismes; elle avait une nette perception des devoirs rigoureux qu'impose à l'État le soin de défendre son autorité méconnue; elle comprit, elle a toujours compris, que les destinées de la religion sont indépendantes de celles des congrégations, qu'il suffit de ses seuls représentants officiels dans l'État pour l'accomplissement de sa mission sociale et que son empire sur les âmes ne se doit exercer que par l'autorité de ses principes, l’incomparable beauté de sa morale et l'unique vertu de ses enseignements.
Nous devons aux légistes du comité ecclésiastique la plus précieuse conquête de la Révolution : la sécularisation de la société moderne. Un simple fait,qui ne fut qu'un prétexte, nous a procuré cet immense bienfait.
Le curé de Saint-Sulpice avait refusé de publier les bans du mariage de Talma. Les légistes en ressentirent une vive émotion et résolurent de donner au mariage son véritable caractère : celui d'un contrat civil.
Le grand jurisconsulte Domat avait dit :
« Le mariage est un lien formé par la main de Dieu. »
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