Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880
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toire. Avec le jury criminel, il nous à donné la réhabilitation des condamnés après un temps d’expiation, la conciliation et les justices de paix, l'uniformité de la jurisprudence avec le Tribunal de Cassation.
On a reproché à la Constituante d'avoir été hésitante dans ses réformes, et, aux légistes, d'avoir par trop subi dans leurs idées et leurs actes l'influence des anciens feudistes dont ils procédaient ; d’avoir voulu ménager le pouvoir royal et de ne s'être pas rendu un compte suffisant des exigences du monde nouveau dans lequel ils apparaissaient comme des guides sûrs et vigilants, remplis d'expérience et de science.
L'histoire de leurs actes, le récit des travaux législatifs les plus importants auxquels ils ont collaboré, répondent pour eux et les lavent de ces reproches immérités. Sans doute ils n'avaient pas d’un seul coup aboli la féodalité ; ils avaient conservé des distinctions surannées et injustes ; mais ils avaient commencé une œuvre qu'une assemblée plus énergique et moins sCrupuleuse allait terminer.
« Ce qui a été entrevu dans une héroïque extase, « il faut l’atteindre par la force patiente. »
En effet, Messieurs, la Constitution d'un pays, la modification de ses mœurs, son adhésion définitive à ce qui, dès l’abord, est nouveau et inconnu pour lui, une législation modifiée dans toutes ses parties, ces grandes choses ne s’établissent pas, ne s’opèrent point, ne sauraient être acceptées sans longs efforts, sans la coopération du temps, sans la transformation lente mais sûre de l'esprit public.
La Constituante a beaucoup fait, et Cazalès avait presque raison de dire, en s’en plaignant, qu'il n'avait fallu que trois quarts d'heure pour changer de fond en comble le droit civil des Français.