Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880

Et qui avait accompli une pareille œuvre? Cette grosse majorité du Tiers-État que la raillerie d’un écrivain n’a puatteindre, quand il a dit d’elle qu’elle se composait « d'avocats inconnus et de gens de loi d'ordre « subalterne, notaires, procureurs du roi, commissaires « de terrier, juges et assesseurs de présidial, baillis et « lieutenants de bailliage, simples praticiens enfermés « depuis leur jeunesse dans le cercle étroit d’une « médiocre juridiction ou d’une routine paperassière, « sans autre échappée que des promenades philosophi« ques à travers les espaces imaginaires, sous la « conduite de Rousseau et de Raynal » (1).

Ces moqueries faciles mais impuissantes n’enlèvent rien au mérite de ces bourgeois. Leurs réformes n’ont pas coûté des larmes, n’ont pas amené l'effusion du sang, et nous jouissons de leurs ineffables bienfaits qui s’'étendront encore sur nos enfants.

Il me reste à parcourir les travaux des deux Assemblées qui ont suivi la Constituante. La Législative n’a eu qu'une très courte durée, et la Convention a été si orageuse, si absorbée par d’autres préoccupations que les paisibles préoccupations du droit, qu'il me suffira, sans y insister, d'indiquer et d'apprécier, en quelques mots, les principales de leurs décisions.

à 5.

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

Le même légiste Durand de Maillane, qui, à la Constituante, avait rédigé le rapport sur l'importante ques-

(1) H. Taine. — La Révolution, page 155,