Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L'EMPIRE 335

ment et ils sont tombés d'accord qu'il .est trop tard pour qu'une coalition puisse rien faire contre la France. »

D'un autre côté, le Journal porte à la date du 20 avril 1798 : « La poste de Vienne apporte la nouvelle que l'ambassadeur: de France, Bernadotte, a quitté la ville à la suite d’une: émeute parmi le peuple, au cours de laquelle le drapeau arboré à sa porte a été arraché et détruit. La police l'avait prié de ne pas donner lieu à cet outrage, ou, tout au moins, de leur laisser le temps de réconcilier le peuple à cette idée, mais il refusa d’un ton hautain. L'un de ses aides de camp, dit-on, marcha contre la foule l'épée nue et, si la force militaire n’était intervenue à temps, ils auraient tous été peut-être mis en pièces. Il demanda réparation à la Cour et l'Empereur répondit que lui, qui avait droit à des réparations, ne pouvait en donner, sur quoi Bernadotte demanda ses passeports et partit le lendemain matin ?. »

Aïnsi, à Berlin comme à Vienne, l’ancien constituant et conventionnel comme le général de la République, parlaient haut et bref au nom du peuple français. Le prestige de notre. pays était tel que, même dans ces circonstances difficiles, M. de: Cobenzel, le premier ministre d'Autriche, se rendait en France pour conférer avec le ministre du Directoire, François de Neuchateau : « M. de Cobenzel, écrit Morris le 29 mai 1798, se rend en France pour rencontrer M. François de Neuchàieau, nouveau pas vers l’abaissement de: la dignité impériale ?. »

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Morris a toujours pensé que la Révolution, étant donnée la marche qu'elle avait prise dès le mois de septembre 1789. récélait dans es flancs l’Empire, tel que le fit Napoléon.

Il a donc à l’avance, et de bonne heure, prédit Napoléon : les preuves abondent à cet égard, nous en avons fourni en passant quelques-unes, nous produirons bientôt les plus topi-

1. T. Il, ps 851.— 2. T. IL, p. 354. — 3. T. IE, p. 865.