Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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ayant que les grandes puissances ne s’en mélent et, la chose faite, elles enverront à Sa Majesté des ambassadeurs pour lui lémoigner une satisfaction qu'elles ne ressentiront pas. » C'étaient là bien des rêves et des plans singuliers. Les vicloires accumulées de Napoléon semblaient déjouer tout calcul. Après Friedland, le 4 septembre 1807, Morris écrivait au comte Woronzoff : « Voilà donc la dernière main mise au nouvel arrangement de l'Europe, à moins que Napoléon ne s’avise de donner le Portugal à l'Espagne. Les raisonnements politiques se réduisent maintenant à des calculs sur la vie de l'empereur corse 1. » Cependant le 14 juillet 1809, il prédit, celte fois directement, la résistance victorieuse du peuple espagnol aux armes de Napoléon. « Dimanche (14 juillet) le général Moreau dine chez moi. Il se confirme que Bonaparte, après avoir enlevé dans ses serres le roi d'Espagne el toute sa famille, les a forcés à abdiquer le trône entre ses mains et maintenant les tient enfermés. On dit qu’une grande partie de l'Espagne est en armes pour expulser les Français. Je donne comme mon Opinion. qu'ils réussiront à moins qu'ils ne placent à leur tête quelqu'un des grands nobles. Dans ce dernier cas ils seront vendus, tant est grande la corruption des mœurs chez les descendants des braves et très honorables cavaliers, et cela au milieu d’une nation honnête et loyale ?. » On vient de le voir le général Moreau dinait ce jour-là à sa table ; on ne sait s'ils fétaient en commun l'anniversaire de la prise de la Bastille. Il avait déjà reçu chez lui deux fois en 1807 cette lamentable épave. La première fois (12 janvier) la conversation paraît n'avoir été que de la chronique scandaleuse : « Entre autres anecdotes plaïsantes ou curieuses, Moreau mentionne la sale conduite de la famille Bonaparte. Mme Leclerc, actuellement princesse Borghèse, comme tout le monde le sait, est une Messaline. Moreau dit que l’Impératrice lui a déclaré que son mari el la sœur de celui-ci, Mme Leclerc, étaient trop intimes. Il le dit à Mme Leclerc, qui nia d’abord en disant que l'Impératrice ne valait pas mieux qu’elle. À Ja fin elle le reconnut.

FAOTENIT. P. 499. — 2, T. IE, p+ Dr2.