Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L'EMPIRE 363

Bonaparte aurait voulu que Moreau épousàt sa sœur, Mme Murat, ou sa belle-fille, maintenant reine de Hollande. Le refus fut peut-être la cause première de l'exil de Moreau !. »

La seconde fois Moreau exposa, sur les devoirs d'un citoyen envers sa patrie, des idées qu'inspirait plutôt l'esprit de l'ancien régime que celui de la Révolution : « Au cours de notre conversation, comme je produisais très discrètement l’idée qu'il pourrait (en cas de nécessité) servir contre la France, il déclara franchement que, quand l’occasion se présenterait, il n'aurait aucune répugnance ; que, la France l’ayant rejeté, il est citoyen du pays dans lequel il vit; et qu'il a le même droit que tout autre homme à continuer ici son métier ; de mème qu'il serait injuste d'empêcher de faire des chapeaux un chapelier qu'aurait banni Bonaparte, de même il serait injuste d'empêcher un général français de faire la guerre. J'admets la vérité de cette observation, non parce que je la crois Yraie, mais parce que jé ne veux pas m'élever contre les raisons qu'il juge bon de se donner à lui-même pour justifier sa conduile, dans le cas où il serait dans la suite employé à notre service ?. »

Avec la campagne de Russie et les revers de Napoléon, Morris entrevoit la fin des épreuves, et il recommence à critiquer,les opérations du grand capitaine, comme il le faisait jadis pour sa campagne d'Italie. Le 24 avril 1813 il écrit à Harrisson Gray Otis : « Les victoires de la Russie demandent de notre part des actions de grâce au Dieu tout-puissant qui les a ordonnées par sa Providence. L'excellence des troupes russes, fondée sur les qualités physiques et morales de la nation, est un fait généralement reconnu ; mais il y a un autre fait qui ne semble pas aussi généralement reconnu. Le plan de campagne et son exéculion me paraissent, en ce qu'on appelle habituellement la stratégie, supérieurs à tout ce qui s’est fait en ce genre depuis le commencement de la guerre. Bonaparte a trouvé son maitre dans l’art dont il s'enorgueillissait à juste titre — l'habileté militaire. Chacun de ses mouvements lui était évidemment imposé par le maréchal Koutou-

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