Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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tow. Il ne prit pas la route de Pétersboure, parce qu'ayant l'ennemi sur ses derrières, il aurait été privé de ses subsislances. Lorsqu'il fut entré à Moscou, la position prise par l'ennemi, au Sud-Ouest de cette ville, le mit dans l’impossibilité d'opérer sa retraite en Bohême par Cracovie. J'avais songé à cette route pour lui et j'avais fixé son départ au 20 octobre, mais il fut, semble-t-il, assez prompt pour pouvoir parlir le 19. S'il avait été victorieux dans la bataille devant laquelle il a fui, cela eût grandement facilité sa retraite el sauvé une partie de son armée. Mais les mesures de Koulouzow semblent avoir été si bien prises que la déroute aurait été simplement retardée : et qu’on remarque en passant que, dans la retraite des Russes de la Pologne sur Moscou, aucun corps de quelque importance n’a été matériellement entamé, ce. qui est presque incroyable sur une ligne aussi longue que celle qu’ils occupaient. La conduite ultérieure de la guerre est comparativement une affaire d'A, B, C, mais si elle est dirigée par le même général, cette campagne peut être décisive. Dieu veuille que de timides ministres ne gätent pas la besogne qui est en si bon train. Les troupes françaises abandonneront l'Espagne aussitôt qu'elles pourront passer les Pyrénées. Les Espagnols et les Portugais porteront-ils leurs armes en France, cela est douteux, car, bien qu'une politique sage suivrait cette ligne, cette faiblesse qu'on appelle la prudence peut dicter une idée différente. Les amis de Bonaparte en Amérique envisagent l’avenir avec terreur. Puisse-til, comme cette campagne de Russie, tourner à leur confusion !. »

Le 12 février 1814, lorsque le drame est presque terminé : « La chute de Bonaparte ne m'a point surpris, écrit Morris. Parlant au Sénat sur les motions de Ross ?, j'ai salué Bonaparte comme le premier des Césars Gaulois (en prévoyait-il d’autres ?) et jai dit: « Dès qu’il échouera, il tombera. »

LT IT pe 55.

2. Note de l'Éditeur (t. IT, p- 560) : « Morris fait ici allusion à la résolution des fédéralistes présentée au Sénat en 1803 par James Ross au sujet des droits des États-Unis à la liberté de navigation sur le Mississipi, et sur la conduite agressive de l'Espagne. »