Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
DE HENRI IV A LA MORT DE MAZARIN 19
de l'Édit aux parlements de Paris, de Rouen et de Rennes (Art. 30 à 53).
Les Articles secrets étendaient la liberté de conscience aux ministres, professeurs et maîtres d'école regnicoles ou autres ; pourvoyaient aux secours religieux à donner aux malades et prisonniers protestants el remetlaient pour l'instant en garde aux Réformés, comme garantie, 200 places de süreté, dont le roi s’engageait à entretenir les garnisons et nommer les gouverneurs d'accord avec eux. Par contre, les Réformés étaient obligés d'observer les fêles et les lois de PÉglise catholique en matière de mariage. Enfin, par le brevet du 13 avril, Henri IV assignait aux Réformés une gratification annuelle de 45 000 écus par an, afin de pourvoir au traitement des ministres et professeurs des Académies et collèges (Article secret).
Telles étaient les principales dispositions de l'Édit de Nantes. Henri IV montra qu’il entendait bien qu'il ne restât point lettre morte, en envoyant, dès qu'il fut enregistré, des commissaires dans chaque province pour le faire exécuter et plus tard il accordait aux Réformés le droit d’élire deux députés-généraux, qui seraient en permanence auprès du Roi pour lui signaler les contraventions.
$ 3. — En somme, l'Édit de Nantes fut la première ordonnance, par laquelle un souverain laissait une portion de ses sujets professer une religion différente de la sienne et il a été appelé, avec raison, la première charte de la liberté de conscience en Europe.
Mais, si nouvelle était cette idée de la coexistence de deux cultes dans le même royaume et si excités étaient les fanatiques des deux confessions, que l'Édit ne fut approuvé que par un petit nombre de sages et de patriotes, tels que de Thou et Schomberg, du côté catholique, et chez les Réformés : Duplessis-Mornay et Sully, Théodore de Bèze ! et il
1. V. Lettre de Bèze à l’assemblée de Châtellerault. Comp. Elie Benoît, Hist. de l'Édit de Nantes, H, p. 246.