Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

106 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

provoqua des mécontentements dans les deux camps. L’assemblée réformée de Châtellerault regretta qu'il « ne pourvüt pas à toutes les nécessités des églises » et les Parlements s’opposèrent tant qu'ils purent à l'enregistrement. Celui de Paris ne l'enregistra qu'après plusieurs jussions, et d’une verte harangue de Henri IV". Les Parlements de Rouen et de Bordeaux résistèrent aussi jusqu’au 23 septembre 1599 ; celui de Grenoble jusqu’au 27 septembre; celui de Dijon jusqu'au 12 et celui de T oulouse au 19 janvier 1600; celui de Rennes, le 19 juillet et Aix en Provence, le rx août. L'assemblée du clergé de France, réunie à Paris, en 1098, se montra plus modérée à l'égard de l'Édit de Nantes”, sans doute parce que le roi avait vaincu de haute lutte la résistance de quelques prélats influents.

Le roi voulut étendre au Béarn les bienfaits de la liberté de conscience établie en France, en rendant l’'Édit de Fontainebleau (1599). Par cet acte les évêques de Lescar et d'Oléron étaient rétablis et pourvus de pension sur la cassette royale, mais non pas admis à siéger aux États. La célébration de la messe fut autorisée à Lescar, Nay, Oloron, Orthez et en huit autres lieux principaux dépendant de patrons catholiques. Six ans plus tard, lorsqu'une requête fut présentée par les évêques de Tarbes, d'Acqs et-d’Aire, à l’assemblée du clergé de 1605, qui demandait la mainlevée du séquestre mis jadis par Jeanne d'Albret sur les biens ecclésiastiques du Béarn et de la Basse-Navarre, Henri IV fit une réponse équitable ; il refusa la mainlevée, mais il octroya aux catholiques 1500 écus, pris sur les revenus des patrons laïques.

Henri IV ne fut pas moins généreux pour une autre minorité, les Israélites, qui, depuis 1394, végétait dans une demi-servitude. Par ses lettres patentes du 20 mars 1603, il prit sous sa protection et sauvegarde les vingt-quatre familles

1 Ve? Lettres-missives de Henri IV, t. V, p. 89. >. V. Lettre de la Noue à Mornay, 28 nov. 1598.