Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

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poursuivit les pères qui empêchaient leurs enfants où quiconque leur est soumis d’embrasser la religion catholique. L'article 296, enfin, demandait qu’on fermät les collèges ou séminaires que. les Réformés avaient ouverts à Charenton, Saumur, Clermont en Beauvaisis, ete., el qu'on ne permit qu'à des « naturels français » d'exercer les fonctions de docteurrégent ou pédagogue. J'en passe et des articles des plus violents contre l'exercice du culte dissident. On trouve, dans ces cahiers du clergé en 1614, le programme de la réaction catholique qui fat exécuté, cinquante années après, par Louis XIV.

Il-devait pourtant y avoir, à la Chambre du clergé, un cerlain groupe partisan, sinon de la liberté de conscience entière, du moins, d'une cerlaine tolérance, témoin l’article 143: « Desquelles choses ci-dessus Votre Majesté, s’il « lui plait, fera un édit contenant règlement général entre « les catholiques et ceux de la R. P. Réformée, afin qu'ils « puissent vivre en paix, union et tranquillité, sans entre« prendre les uns sur les autres, sans appréhension, envie, « ni jalousie. »

On aperçoit la trace de ces deux courants dans la harangue de Richelieu, évêque de Luçon, chargé de porter le cahier des vœux du clergé au Roi et à la Reine mère (23 février 1615) etdans le discours du ca rdinal Duperron à la Chambre du ters-état. « Nous ne sommes point, dit ce dernier, « grâce à Dieu, sous un Roi qui fasse des martyrs. Il laisse « les âmes de ses sujets libres. Nous vivons les uns et les « autres à Fabri des édits de la paix, en liberté de con« science. »

L'ordre de la noblesse, lui aussi, était partagé entre deux opinions contraires, au sujet de la liberté religieuse. Les dues de Nevers, de Guise et d'Épernon conservaient encore le fiel de la Ligue et, dévoués à l'Espagne, préconisaient la vieille thèse de la destruction radicale des dissidents, protestants et juifs. Un certain nombre de seigneurs ayant proposé que : « le roi serait supplié de maintenir la religion catholique, « apostolique et romaine, suivant le serment qu'il avait prêté