Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DE HENRI IV À LA MORT DE MAZARIN 30

« à l’époque de son sacre », les seigneurs protestants se récrièrent. Pour apaiser la querelle, le Roi fit la déclaration du 2 mars 1615 qui ordonnait de garder inviolablement l'Édit de Nantes, pour le motif suivant: « N'étant que trop « persuadé par l'expérience du passé, que les remèdes vio« lents n’ont servi qu'à accroître le nombre de ceux qui « sont sortis de l'Église, au lieu de leur enseigner le chemin « d'y retourner. »

Mais un mois après, par une déplorable inconséquence, Louis XII rendait une ordonnance d'expulsion contre les juifs du royaume. L'unique motif invoqué était que le titre de « roi très chrétien » l’obligeait: à « avoir en horreur « loutes les nations ennemies de ce nom, et surtout celle « des juifs ». En conséquence, le roi leur intimait l’ordre de quitter la France, dans l’espace d’un mois, sous peine de vie et confiscation de tous leurs biens, et défendait à tous ses sujets sous la même peine de les y recev oir, assister, ni cOnverser avec eux. (Déclaration du 23 à ril 1615.)

$ 5. — En 1617 s'ouvre une ère nouvelle. Jusqu’alors, la législation, établie par l'Édit de Nantes, avait été appliquée dans la plupart des cas. Sans doute, comme on l’a vu aux États généraux de 1614, la majorité du haut clergé catholique et de la noblesse la subissait à contre-cœur ; mais les ministres du roi et de la régente, appuyés sur le tiers-état et sur l'opinion publique, avaient maintenu la politique de liberté religieuse, inaugurée par Henri IV. Or, à partir de cette époque, on voit que les esprits s'aigrissent et n’écoutent plus les conseils des hommes d'État, qui continuaient le rôle modérateur de Henri IV, et que ce sont les violents qui l'emportent, dans le camp protestant comme à la cour et chez les catholiques.

Les rapports des Réformés avec le gouvernement royal devinrent, dès lors, de plus en plus tendus, jusqu'à la rupture, qui aboutit aux deux dernières guerres de religion et ne fut close que par la paix de Nimes (169). Ce furent là douze années pendant lesquelles la liberté de conscience fut