Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DEPUIS LA MORT DE MAZARIN JUSQU'À L'ÉDIT DE TOLÉRANCE 9!)

« modifications et interprétations qui en avaient été faites en « diverses occasions !. » Ainsi, le clergé gallican supportait impatiemment la liberté de conscience, qu'il refusait à ses propres ouailles, et désirait vivement ramener les dissidents, de gré ou de force, dans le giron de l'Église.

Si telle était l'attitude du clergé séculier, quelle ne dut pas être celle des réguliers, dont le zèle a toujours été plus ardent} Les Jésuites et surtout les Capucins ne gardèrent aucune mesure dans leur lutte acharnée contre les protestants. II suflit de lire les écrits des Pères Arnoux, (Coëffeteau, Meynier et Maimbourg pour être convaincu de ce fait. Ces deux derniers recommandaient les protestants comme des novaleurs dangereux aux sévérités du Roï et soutenaient que « celui-ci pouvait, sans que les Réformés eussent sujet de se « plundre, faire démolir les temples et interdire tout exer« cice d’une autre religion que la sienne. »

Les moines ne furent pas les seuls à vouloir réduire le Protestantisme par la violence ; il s'était formé en juillet 1630 une société secrète de laïques appelée la « Compagnie du Saint-Sacrement », et qui était vouée au réveil de l'esprit catholique et à l’extirpation de lhérésie huguenote?. Gelte société, à laquelle s’aflilièrent quelques ecclésiastiques, par exemple, le P. Condren (de l'Oratoire), l'abbé Bossuet, l'abbé Olier (de Saint-Sulpice) provoqua de la part du Roi, jusqu'en 1661, les mesures les plus odieuses contre les Réformés.

La masse des gens de métier et des commerçants furent aussi opposés à la tolérance des cultes non catholiques. Chez beaucoup même, le zèle religieux n'était que le masque de l'intérêt mercantile; les villes catholiques, Lyon et Paris entre autres, étaient jalouses de Nimes et des centres protestants du Languedoc, où lPindustrie produisait à meilleur

1. V.le P. Mammsourc. Histoire du Luthéranisme (1687), Histoire du Calvinisme (1682).

2. V. art. de Rasse, dans la Æevue historique, novembre-décembre 1899.