Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

A8 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

Louis XIIT, invoquer à l'appui de ces restrictions, les empiètements politiques où militaires des huguenots. La tranquillité, la docilité, le loyalisme, dont ils ne se départirent pas un instant depuis l'Édit de Nîmes, sont attestés par Lous les historiens, et d’une facon expresse par une déclaration de Louis XIV majeur".

La principale raison de cette conduite du Roi, si contraire à la règle qu'il s'était fixée au début de son gouvernement fut, comme le dit fort justement M. Guizot : « l’orgueil de « Louis XIV, choqué de l'opiniâtreté silencieuse de ces « Huguenots qui faisaient si bon marché de sa faveur au & prix du repos de leur conscience ? ». Le Roi se mit donc, à l’instigation des Jésuites, à démolir pièce à pièce cet Édit de Nantes, l’un des chefs-d'œuvre de la politique de son grand-père, qui avait assuré à la France un demi-siècle de paix et de tolérance. De 1663 à 1686, les arrêts du Conseil et les déclarations royales se succèdent d'année en année, parfois même de mois en mois. emportant à chaque coup un morceau de la liberté, de la sécurité, des droits civils d'une importante minorité de la nation.

On peut grouper ces mulliples édits sous cinq où six chefs. Le premier concerne la liberté de conscience et de culte. Le législateur royal, s’'appropriant la singulière théorie des assemblées du clergé, interdisait sous les peines les plus sévères aux catholiques de se convertir à la Réforme et traitait de relaps les nouveau-convertis qui redeviendraient protestants”. D'autre part, il était défendu aux Réformés de s’assembler hors des temples et de l’autre on en avait démoli plus de 250; on devait réserver dans chaque temple un

banc pour les catholiques, afin de surveiller les prêches. Les

1. Comp. Lettre de Louis XIV à l'Electeur de randebourg (1665).

2. Guizor. Histoire de France, 1v, 394.

3. Arrêt du Conseil d'Etat, 3 novembre 1664. — Edit de Bellegarde (1683) adressé au Conseil d'Alsace, — Déclarations contre les relaps en 1663, 1665, 1679, 1680 et 1685.

4. Arrèts de 1669 et de 1079.