Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

5o LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

encore plus sévères : toute union entre catholique et protestant est interdite, même en Alsace.

Enfin, par un édit du 13 décembre 1698, Louis XIV ordonna à tous ses sujets de se conformer pour les mariages aux canons de l’Église et ordonnances du royaume, se réservant de pourvoir aux effets civils des mariages contractés depuis 1685. Mais, comme le Roi négligea d'y pourvoir, il en résulta que tous les protestants, qui ne firent pas acte de catholicisme, en faisant célébrer leur mariage par le curé de leur paroïsse, se trouvèrent pendant un siècle hors la loi, leurs enfants traités de bâtards et leurs successions livrées en proie à des collatéraux avides.

Mais, ce qu'il y a de plus odieux dans cet étranglement progressif de la liberté de conscience, ce sont les lois concernant les malades, les pauvres et les mourants qui persistaient dans la religion réformée. Par une série d’arrêts", le gouvernement donnait l'autorisation et même enjoignait aux curés, puis aux juges et aux médecins de visiter les Réformés atteints de maladie grave, pour s'informer en quelle religion ils désiraient mourir et d’avertir les nouveau-convertis de se munir des sacrements. Comme il était « défendu à tout particulier « de quelque condition et qualité qu'il fût de retirer dans sa « maison aucun malade de la religion prétendue réformée, « sous prélexte de charité (Arrêt du 4 septembre 1684) », les malades pauvres en étaient réduits à aller à l'hôpital, où ils furent l’objet des obsessions des religieuses. D'autre part, les biens légués aux « pauvres de la religion » étaient réunis aux hôpitaux (Déclaration du 15 janvier 1683). On ne laissait même pas les Réformés en paix après leur mort ; une Déclaration du 9 juillet 1685 supprima les cimetières des réformés partout où l'exercice de leur culte était aboli. D'ailleurs, à quoi bon leur conserver-des cimetières, puisque dans une foule de cas leurs corps devaient être jetés à la voirie ?

1. Arrèls du 12 mai 1665, 19 novembre 1680, 7 avril 1681 et mars 1712. Comp. Déclaration de 1712.