L'école de village pendant la Révolution

LES PREMIERS EFFETS DE LA RÉVOLUTION. 53

Nous parlerons plus loin des résultats de la confiscation des biens ecclésiastiques. La constitution civile fut un ferment de discorde qui troubla les âmes et surexcita les esprits jusqu’au fond des campagnes. De toutes parts, des divisions inconnues jusqu'alors s'introduisirent dans les villages ; les paysans «devenus ingouvernables»!, prenaient parti pour le curé insermenté ou pour celui qui était appelé à le remplacer et que l’on qualifiait de l’épithète d’intrus. Des maitres d'école restèrent fidèles à leur ancien pasteur; d’autres s’attachèrent au nouveau. Un décret vint les obliger eux-mêmes à prêter le serment civique*. Dans l’ouest, ceux qui s’y refusaient, étaient expulsés de leur école; ceux qui s’y soumettaient n'avaient plus d'élèves, parce que les parents cessaient de. les leur envoyer #. Triste dilemme dont les conséquences étaient forcément nuisibles à l'instruction! Dans le Bas-Rhin, les instituteurs, qui souvent partageaient les doctrines de leurs curés, avaient disparu ; ceux qui demeurèrent à leur posle virent

4 Lettres à Grégoire (Gironde), p. 144.

2 Décret du 43 avril 1791. (Réimpression du Monileur, VI, 437. — « Le 19 février 1799, le recteur d'école et Francoise Guyot, sœur d'école, ont satisfait à la loi en prètant le serment civique. » (N. C. Mordillat, Histoire de Bassuet (Marne), 1878, p. 152). —— M. Maggiolo a publié le texte d'un de ces serments. (Pouillé scolaire de Toul, p. 90).

3 Alfred Lallié, Le district de Machecoul, p. 144-145, cité par M. Victor Pierre.