L'école de village pendant la Révolution

54 CHAPITRE Il.

leurs écoles abandonnées, oubliées, dédaignées!. Ailleurs, certains maîtres se laissaient révoquer plutôt que de conduire leurs élèves à des offices schismatiques et d'y chanter au lutrin ?; d'autres prenaient parli hautement contre leur curé qui refusait le serment. Un prêtre de l’Aïsne, qui avait recu à ce sujet une lettre injurieuse de son ancien recteur d'école, la jeta au feu « dans la crainte que le désir de se venger ne le prit par la suite et ne lui fit perdre cet étourdi$. »

Les maîtres d'école, qui se rallièrent ostensiblement au culte assermenté, ne virent en rien leur situation modifiée. Le régime des baux et des marchés était toujours en vigueur pour eux; ils se louaient comme par le passé pour un, trois, six ou neuf ans. Ils recevaient des familles des rétributions en argent qui furent parfois augmentées {. Comme sous l’ancien régime, ils s’engageaient à sonner l’angelus et l’eau bénite, sans compter les autres offices ; ils faisaient la prière le matin et le soir dans l’église. Les paysans sont attachés à la révolution, mais, comme nous le verrons plus tard, ils ne le sont pas moins à la re-

1 Seinguerlet, Strasbourg pendant la Révolution , Paris, 1881, p. 287.

? Fayet, Recherches sur la Haute-Marne, 1879, p. 129, 193.

3 Ed. Fleury, Le clergé du département de l'Aisne pendant la Révolution, 1833, t. T, p. 185.

4 Th. Portagnier, Etude historique sur le Réthelois, 1874, p. 273.