L'impôt des gabelles en France aux XVIIe et XVIIIe siècle : thèse pour le doctorat

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-L'écart;-entre le prix du sel consommé dans les provinces exemptes el dans celles soumises à la gabelle, était considérable. En Bretagne, le minot de sel coûtait 2 à 3 livres, tandis que dans le Maine et l’Anjou il en valait 50 à 60, en Artois le prix du minot était de 7 livres et en Picardie de 57, dans les pays rédimés le coût d'achat était de 9 livres tandis que dans les paroisses voisines il était de 61 livres. Devant un pareil bénéfice à réaliser la contrebande devenait irrésistible surtout que dans les campagnes la situation des habitants était très misérable, aussi « l’agriculture est abandonnée pour suivre une carrière qui promet de plus grands et de plus prompts avantages » (1).

En Auvergne « on ne voit autre chose que domaines délaissés » (2) tous les habitants se livrant au faux-saunage. Chaque convoi de faux-sel conduit dans le Forez rapportait à chaque faux-saunier 100 livres.

« Le long de la ligne de défense à quatre lieues de part et d'autre, dans les pays de grandes gabelles la culture est abandonnée, car tout le monde est douanier ou fraudeur » (3). Dans lArtois, le directeur des prisons d’Abbeville écrivait que le penchant naturel des Picards pour le faux-saunage les porte à le préférer à toute autre con-

1. Necker, compte rendu au roi, p. 83.

2. Le Blanc, intendant en Auvergne; de Boislile, Correspondance, tome Il, p. 200.

3. Le Trosne, Administration provinciale.