L'oeuvre sociale de la Révolution française

SUR LES IDÉES MAITRESSES DE LA RÉVOLUTION 15-

veut-on, quelque bonne volonté qu'on y mette, que l’homme riche, soutenu par un excellent avocat, soit l'égal devant la justice de l'homme pauvre défendu par un avocat d'office? Comment veut-on que le service militaire, plus lourd, à la vérité, pour l'étudiant en médecine dont il interrompt les études que pour l'artisan, ne soit pas plus léger pour l'homme riche, qui peut se faire aider à prix d'argent, en une foule de menues corvées, que pour le plébéien qui doit faire le service tout entier sans que rien y manque ? Comment l'impôt, quoi qu'on fasse, peut-il frapper également le riche, le pauvre, le moins riche, le moins pauvre, le riche apparent, le faux pauvre, le pauvre ignoré, l'homme à charges cachées encore qu'honorables, etc. Comment la loi peut-elle peser avec une égalité parfaite, en ses mille obligations sur tant d'hommes si différents, si inégaux de forces et de capacités, soit pour supporter, soit pour agir? L'égalité théorique se heurte à la force des choses ou plutôt ne saurait s’ajouterà la diversité infinie de la réalité. Il faudrait donc, au moins, que les conditions fussent égales, qu'il y eût partage de ces forces que l'homme s’ajuste

ajoute à ses puissances naturelles comme des instruments qui les muliplient; qu'il y eût partage de ce qu'on appelle /es biens, où que personne n'en possédât ; que, d'une facon ou d’une autre, les con

ditions fussent aussi égales qu'il est possible.