L'oeuvre sociale de la Révolution française

SUR LES IDÉES MAITRESSES DE LA RÉVOLUTION 39

jour et des nuits en certaines saisons ou des rigueurs de la température, puisque ces inégalités naturelles, mais humaines, elle peut les effacer, les empêcher de sortir leur effet, et faire, sinon qu'elles ne soient point, du moins qu'elles soient comme sielles n'étaient pas. Et c’est ce qu'elle fait effectivement!. Ces supériorités, elle les efface d'abord en les niant, et ce n’est pas le pire de ces procédés. Elle déclare que tel homme supérieur n'est supérieur que parce qu'on s'est concerté à le trouver tel, et, comme il en est ainsi dans quelques cas. ilest assez facile de persuader qu'il en est ainsi dans tous. Elle déclare que c’est l'engouement qui fait le génie et non le génie qui fait naitre l’enyouement, exactement comme l’auteur du Contr'un assurait que les grands ne sont grands que parce que nous les portons sur nos épaules.

Autre procédé : comme le bien est toujours mêlé de mal, elle dissout, en quelque manière, les qualités des hommes supérieurs dans les défauts qui les avoisinent, et, par exemple, la volonté étant toujours accompagnée d'une certaine rudesse impérieuse, elle dira que la volonté n'est qu'une brutalilé de tempérament à laquelle on aurait bien

4. « Il faut que les institutions sociales mènent à ce point qu'elles ôtent à tout individu l'espoir de devenir jamais ni plus riche, ni plus puissant, ni plus distingué par ses lumières qu'aucun de ses égaux. » (Babeuf, le Tribun du Peuple ou le défenseur des Droits de l'honmume, n° 33.)