La Bulgarie : ses ambitions, sa trahison : accompagné des textes de tous les traité secrets et correspondances diplomatiques

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aussitôt, à contrecarrer ce projet qui ne répondait pas à ses propres intérêts ; elle excita principalement le sentiment national des Bulgares contre les concessions faites par le patriarcat, les présentant comme insignifiantes et illusoires.

On répandit le bruit que le gouvernement accorderait aux Bulgares des privilèges plus réels. Le Grand Vizir reçut une députation bulgare et l'assura que la Sublime Porte était disposée à reconnaître les Bulgares comme une nation (mile), mais qu'elle s’abstiendrait de toute incursion dans le domaine de l'Eglise. Les concessions promises par le Grand Vizir n'étaient pas de nature à refroidir les Bulgares, bien au contraire : ils y entrevirent la perspective d’une organisation autonome vers laquelle les poussaient tous leurs intérêts 2.

Ces rapports entre les Bulgares et la Porte, le

prince Troubetzkoï les expose plus loin de la façon suivante :

Mettant à profit les bonnes dispositions des ministres ottomans, les Bulgares se sont efforcés d'intéresser directement la Porte à leurs pourparlers avec la grande Eglise. Divers projets et propositions furent soumis aux Turcs. Ils tendaient tous à les persuader que la question présentait un caractère plutôt politique que religieux et que, par conséquent, le gouvernement de Padichah possédait toute la compétence pour la trancher. C'est précisément ce que voulaient les Turcs ; ils s'immiscèrent donc dans les questions intérieures des divisions administratives, afin de s'assurer la direction des affaires.

Craignant un accord entre le Patriarcat et les Bulgares, la Porte imagina un conflit et en régla elle-même les bases.

‘ Dépêche de de Stahl, chargé d’affaires à l'ambassade de Russie. Péra, 13 février et 5 mars 1868, ne 42 et G6£ (cité par le prince Troubetzkoï).

Nous avons fait ressortir l'importance de certains passages du texte en le reproduisant en italique .

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