La correspondance de Marat
266 LA CORRESPONDANCE DE MAPRAT
<onvaincra de la nécessité de mander sans délai Chalier à votre barre, non seulement pour le soustraire à la férocité des aristocrates de Lyon, mais encore pour en tirer des renseignements sur les causes des troubles de cette ville. J'en fais la demande expresse.
Je demande aussi que Laussel, procureur de la com-. mune de Lyon, et signataire de l'incluse, y soit mandé pareillement.
Je demande encore que vous rendiez contre le tribunal populaire de Lyon le mème décret que vous avez rendu contre celui de Marseille.
renseignements. Pourquoi ne pas appeler aussi Chalier, président du tribunal du district, pour être entendu contradictoirement ? Pourquoi surtout ne pas m'avoir appelé?
« J'ai écrit peut-être vingt lettres, et toutes sans réponse : si l’on m'eût entendu, on eût pu prévenir les derniers troubles. Je n’en sais pas les détails, maïs je sais très bien que le département est contre-révolutionnaire ; que le district a pour son lot quelques meneurs un petit peu aristocrates, et surtout intéressés; que le* nommé Villar, qui a pris ma place, est le beau-frère et le postillon d'un nommé Martin, contre-révolutionuaire de vieille date. Ces trois brigands ne soutiendraient pas ma présence en plein comité. Je me fais fort de les atterser.
« Nous avons ici des commissaires des sections de Lyon qui doivent partir demain; ce sont des émissaires pour agir contre la Convention, qu'ils ne veulent pas reconnaître; ne devrait-on pas les arrêter pour répondre de la tête de Chalier et des autres patriotes emprisonnés à Lyon? Chalier s’est bien mal conduit envers moi; mais ses malheurs et sa position me font tout oublier pour me souvenir seulement qu'il est patriote et du bon genre, et que nous ayons toujours combattu, côte à côte, les tyrans et leurs suppôts. > F
« Je ne vous dirai rien de mon affaire; mon mémoire va paraître, et mes ennemis seront confondus à la face de l'univers. Ensuite je paraîtrai à la barre; j'ai des horreurs à dévoiler sur un membre de la Convention. Agréez mes salutations fraternelles.
Lavsser, procureur de la commune de Lyon,
« P.-S. — Roland est à Lyon; Brissot allait l'y rejoindre lorsqu'il à été arrêté. »