"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (oštećen primerak)
468
CHAPITRE IX.
apocryphes dalmates 1 ». Assurément, il avait dû recevoir les bonnes feuilles de la Guzla, soit directement de Strasbourg, soit de Leipzig, d’où Wilhelm Gerhard lui envoyait souvent ses traductions 2 ; le 5 juillet, celui-ci avait promis à F.-G. Levrault d’écrire à Goethe au sujet de l’ouvrage 3 . Du reste, il n’y a rien d’étonnant à ce que Goethe se soit aperçu de suite que ces poèmes diffèrent complètement des véritables chants serbes. Il connaissait beaucoup ces derniers et en avait longuement parlé à ses amis, ainsi que dans sa revue. Mais s’il suspecta les ballades dalmates, il ne pensa pas un moment que Mérimée en pût être l’auteur, avant d’avoir reçu de lui l’exemplaire qui portait sa signature. Nous ne savons ni qui était ce « Russe qui passait par Weimar » et qui remit à Goethe l’envoi de Mérimée, ni à quelle date il le fit. Le 10 octobre 1827, Goethe note dans son Journal : « Dans la soirée, lu la Guzla 11 . » Les Russes qui ont visité Weimar entre le 27 août et 10 octobre sont : le grand poète Joukovsky, le professeur Chichkoff et le prince Lioubomirsky. Le premier avait fait un séjour à Paris cette année-là, mais il en était déjà parti vers la fin de mai 1827 5 . Toutefois, comme la revue Art et Antiquité paraissait très irrégulièrement, Goethe ne parla de la Guzla que six mois après la publication de ce livre. Le 16 mars 1828, il dicta à Schul/ardt sa notice sur les Chants populaires serbes; le lendemain celle sur la
1 « Unterschobene dalmatische Gedichte ». Goethes Tagebücher, éd. de Weimar, t. XI, p. 90. 2 Correspondance de Goethe, le 21 avril 1827. 3 Cf. plus haut, p. 447. 4 Goethes Tagebücher, t. XI, p. 123. 3 Vesselofsky, Joukovsky, Saint-Pétersbourg, 1904. 6 Goethes Tagebücher, t. XI, p. 193.