La question du sel pendant la Révolution
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d’ailleurs, ne cache nullement ses intentions ; il veut prendre le contre-pied de la politique financière de Dupont de Nemours, il veut combattre la mise en pratique des théories physiocratiques. L’impôt qu’il propose «offre la possibilité d’atteindre les capitalistes. Les propriétaires des fonds ne sont que trop chargés : en dernier résultat ils acquittent tout ». C’est, on le voit, une phase de la lutte séculaire entre la /anded et le moneyed interest.
Aussi, c’est un représentant dela bourgeoisie urbaine !, l'avocat Etienne-François-Xavier Sallé de Choux, député du Tiers de Bourges, qui combat la suppression des gabelles, proposée par le comte de la Galisonnière. Il la juge impraticable et dangereuse; il craint ou feint de craindre qu'on puisse alors accaparer avec la somme de deux millions et demi de livres tous les cinq millions de quintaux de sel, nécessaires à la consommation annuelle de la France, attendu quele prix du sel vendu en gros dans Île lieu de sa fabrication passe à peine dix sols le quintal. Aussi propose-t-il d’ «imposer un droit de 20 livres par quintal de sel lors de son extraction aux marais salants mêmes, duquel demeureront affranchis les approvisionnements destinés pour la pêche et le commerce extérieur ; et de permettre le libre commerce du sel dans tout le royaume *?.
C’est Joüye Desroches, député du Maine, qui succède à Salé de Choux. Nous en connaissons déjà les idées sur la nécessité d’abolir la gabelle. Il les développe dans un très long discours 3. A retenir surtout la constatation que « l'insurrection générale a détruit les barrières fiscales sur la majeure partie des frontières de la gabelle; le sel existant sur les marais salants et dans les provinces franches est introduit dans les pays de gabelle. »
L'avocat Jean-Louis de Viefville des Essars, député du Tiers de Laon, demande l'abolition de l’impôt sur le sel et son remplacement par un impôt additionnel.
C’est, pensons-nous, à peu près à cette date qu'il faut placer un important mémoire * adressé à l’Assemblée nationale par un de
1 Pardon de ce pléonasme plus apparent que réel.
2 Archives parlementaires, t. IX, p. 7. (C’est nous qui soulignons la préoccupation capitaliste, se manifestant dans cette proposition.)
3 Archives parlementaires, t. IX, p. 10.
4 M. D. C., DÉPUTÉ DE SAUMUR, Projet de suppression de la gabelle et de remplacement du net produit de cet impôt, adressé à l'Assemblée Nationale. (Archives nationales. À DIX. 572.)