La Révolution française et ses détracteurs d'aujourd'hui

LA RÉVOLUTION, LA PATRIE ET L'HUMANITÉ 129

protectionniste, et militariste, — entre le nationalisme jaloux, haineux et, en somme, barbare, des chauvins de tout pays, — et je ne sais quel ‘rêve béat ou sauvage d'évanouissement ou d’anéantissement de ces grandes réalités historiques, les nations ? Ou bien le véritable internationalisme, l'internationalisme scientifique, n’est-ce pas Simplement le désir d'une alliance de ces réalités entre elles, alliance tenue dès à présent pour utile, pour nécessaire, dans l’état du monde civilisé ?

Est-ce que déjà le commerce, l'industrie, aussi bien que, depuis longtemps, la pensée, la science et l’art, ne tendent pas à internationaliser la civilisation, sans, pour cela, travailler à dissoudre les centres différents de production matérielle, spirituelle ou artistique ?

Bien mieux : cette civilisation internationale, qui est un fait de plus en plus remarquable, ne sera-t-elle pas d'autant plus prospère ei florissante, que ses divers foyers nationaux auront chacun une activité plus intense, une plus ardente autonomie créatrice ? Et, par conséquent, des traités d'alliance de toute sorte arrivant à fédéraliser l'Europe, d’abord, à l'unifier par là, jusqu’à de certains points, — ce ne serait pas plus l’amoindrissement que la destruction des patries particulières. Ce serait, avec la paix assurée, un accroissement d'émulation civilisatrice, dans la liberté de chacune d’entre elles, par l’union de toutes.