La Serbie

je“ tins

Lundi 10 Mars 199 —

" et les Bulgares

- En flagrant délit de falsificatlon —

Len gorille des Balkans » que M. Pierre Duntton a eu la shance peu enviable de voir en face et qu'il nous dépelgnait f'autre jour, s'évertue avec la dernière énergie à se réhabillier devant le monde clvilisé. Dans cette tâche, plutôt ingrate, le Bulgare a cependant cel avantage sur Les autres humains d'être en quelque sorte au-dessus de toute sanction ou obligation. Sa mercls de gorille lui permet de s'élever à cette hauteur et

J'aller oers ses fins selon ses instincis sacrés. Il s'est pdmé de

délice à l'odeur du sang de ses victimes, car, dans son monde si choisi, il est insurpassable dans le raffinement de ses Plaisirs.

_ Cequ’il y a cependant de fâcheux, même ‘pour Lui, c'est qu'il

7 s'efforce de propager sa manière au cœur de l'Europe et jusque

: onu: sous le nom de Omladinski Pok a germé et s'est dévoloppé surtout ©

dans le omaine de la discussion.

On sait que le « gorille » en Suisse a quelques organes de presse dans lesquels il déverse ses vérités, organes qui se présentent sous des hablts d'emprunt. Mais, chose étrange, le nom de Bulgare lui-même doit lui étre en horreur, car il évite avec un soin jaloux de s'en servir en public. Il essate de cacher Son

: forrible grimace dans l'a Impartial Suisse » et la à Corres-

pondance Palkanique », persuadé qu'il arrive à se camoufler sl que les mensonges qu'il déblte paroiendront à ébranler le fécleur beu renseigné. : Fe

Dans la (Correspondance balkanique» du 21 février, a

| 7 em effet, un article signé P. D. / Pantcho Doref,, où D frêne du « gorille » apparaît dans tout l'éclat de sa splendeur “ originale. L'auteur evance des allégations qui font rire, cher-

che à dliculper sa tribu des charges effroyables relevées contre elle él termine par une sol-disant cilalion extraite du « Times». Pour que nos lecteurs puissenf se faire une idée plus nette des manières qui sont coulumières au 4 gorille », nous reprodutsons cette conclusion mot à mot :

« Terminons, dil-il, par un fait consolant pour nous et qui démontre que, d’une façon générale, les Bulgares ont su se comporter humainement. » Îl s'agit d'un télégramme de Bel. grade, publié dans le « Times » du !4 janvier. Cette missive dit textuellement : & Pour les sauver de la famine qui les mea näçait, les Bulgares avaient f.it envoyer environ 20 000 x Grecs dans la plaine fertile de Pojarévats, en Serbie ; de ce x nombre, 3.000 persistent encore aujourd’hui à vouloir n rester dons la région, y ayant trouvé la possibilité d'y mener « dne vie tranquille. Mais les Serbes qui rentrent dans leurs À foyers voudraient les expulser à Lout prix. » — « Sans 4 commentaires ! »

Ce “ sans commentaires » planté là ave: une maesiria « gorillesque » a attiré notre attention, ef nous cûmes La curionité de lire le 4 Times cité, soll son numéro du | 4 janvier. Nous # avons irouvé, en effet, une dépêche de son correstondant de Belgrade. Mais, nous connaïssions l'âme mensongère du « gorille ». Aussi n'avons-nous pas Été surpris le moins du monde de consfaler que la dépêche soi-disant traduite « texfnellément » avait élé audacieusement défigurée ef grossièrement falsifiée. Voici, en effet, la dépêche que le « Times » publiait, sous le titre « Les frontières balkaniques » et avec ce sous-titre « Une leçon d’objectivité de la Serbie * :

« Belgrade, 9 janvier. — L'histeire des 20.000 Grecs de Pojaréyats est instruelive, el montre comment, par une

- méthode appropriée, la situation ethnographique naturelle des

. sobulollons peut étre artificiellement aliérée pour des fins

« Polaréoats est une de ces oïlles de la partle seplentria-

nele de la Serbie que la Bulgarie espérait s'annexer prochat.

L. nemont Comme ses habitants étaient indubitablement Serbes, vnjugea bon de les iransférer en Bulgarie. Le même expé-

dient fut imaginé en Thrace, où l'élément grec dominait d’une

N _ façon génänte, et les Bulgares {d'accord avec les Turcs qui

“étaient épalèment soucieux de se débarrasser des"Grecs ! amenèrénd plusieurs milliers de Grecs en Serbie et les installèrent dans les Rabitétions des Serbes expulsés. Ils transférèrent ainsi

ÿ 20 000 Grecs. Sur ce nombre, 13 000 furent ulleints à tel * point de nostalgie, qu'ils s'en rentournèrent à picd èn Thrace,

partourant 300 milles pour trouver à la fin de leur pénible toyage leurs maisons occupées par le: Bulgares et les Turcs.

& Entre temps, ceux qui avaient survécu parmi les Serbes déportés commencèrent à rentrer à Pojarévats ei quelques dispdtes ont dû s'élever entre eux et les Grecs. 4 000 Grecs furentsénvoyés par l'amiral Tronbridge, par le Danube, à Lom Palenka d'où, par les soins des alliés, {ls furent {ransportésieh chemins de fer à travers la Bulgarie. Les 3 000 autres Grecs de Pojarévats décidèrent d'y rester, ayant apparemment de bonnes conditions de wie en Serbie. »

Telle est la dépêche du © Times » qui, comme on le voit,

nement de Sof:a,

LA 5 : | Rat Se

est toute différente de celle que M. Pantcho Doref dttribue à ce journal, St'ce patriote Bulgare avait pu citer quelque journal obseur, en défigurant son lexfe,_ on aurait pu dire qu'il espérait que personne ne s'apercedrait ds sa turpitide. Mais falsifer à ce point une dépêche di € Times » et Baser-ensutte des mensonges sur celte falstfication semblait quelque chose de tout à fait impossible en Europe, Tout être moral est stupéñé, à juste titre, d'un tel cynisme, Et c'est ce qui fait que nous nous demandons si les Bulgares ne tentent Pas d'introduire leur mentalité de gorille dans les discussions à Il est fort probable el même certain qu'ils n’y voient aucun péché. Mais Le lecteur civilisé de l'Europe doit se garder de tomber dans fe piège du & gorille » qui, comme on le voit, n'esf pas seulement parfait dans le carnage des être humains, mais aussi très expert dans l'art du mensonge el réussit même à ternir La gloire allemande dans ce domaine. . Syrmicus. an RE RTE Eee rome méme

Bulgares et arguments historiques

Pour les péuples des. Ba!kans en général, et p.us Spéc'aldement pour nous. Serbes, la parie la pus intéressante de la Conférence sochaiste de Berne fut certainement celle - dans laquelle le -représentant -des

socialistes bulgares, ministre Sakasoff, a |

exposé la conception bulgare de la solut'on des questons territoriases et na ionaes dans les Balkans.

Sakasoff a notamment engagé l’nternajona.e socaliste à vouer une attention spéciale aux questions nationales et à demander que l’on charge la Société des Naüons de s'occuper de ce problème,

Tou.e.cis, en ce qui concerne pus spé- |

cia.ement la somut on des questions t.rr to1Âa.es, on devrait, se'on les sac:al st s bulgares, prendre égaem:.ni en con: id.r.t on le passé: «... Au moment de 1ésoudre, on ne devra pas Se borner seulement à consu ter les stalisiques, car, à cause de Éa politique sans précédent qui tend à exterminer l'étément bu:gare en Macéio ne, les Bulgares par exemple re ser. ient pas en mesuré de réaliser lours droits. ».

Celle déclaration, dans la bouche du ministre socialiste bulgare, montre le curieux changement .qui s’est produit dans la direction de la poitique des B:igares, qui devait les ramener 'à la réañsation de leur cause « sacrée ». Jusqu'à présent, les arguments historiques en faveur de la Macéuoine pesaient peu pour 1.4S Bu'gares; quant aux arguments trés de l’histoire de la c'vilisaton, tout Bulgare se gardait prudemiment d'en souff.er mo’, Les seus arguments qui avaient de la valeur pour les Bulgares étaïent précsémient les statistiques, car elles ftañent faites par les écoles «et les égl'ses bulzares dia Macédoine entretenues aux frais du gouverà Les….Bulgares y ajoutaïent un autre argument, d'ordre économique: « La Bulgarie ne peut pas exi:ter ‘sSaris posséder les trois mers »!

Voici que, maintenant, les Bulgares ont recours à l’histoire!

M. Sakasoff a d’aflleurs fait une ten-

tative tout à fait vaine. Les argument

historiques aurañent é'é pris en considération même sans son intervention. Lorsqu'on résoudra les questions territoriales et nationales bækaniques et lorsqu'on çcherchera des moyens effisaces de créer ‘une paix durab'e dans cette partie de l’Europe, il est certain qu'on ne perdra pas de. vue les fais historimues. On prendra, entre autres, en considérat on ce fat que certain kan bu'gre ft en effet écraser, jadis par ses hordes cer'aines paris ds la Vieïle-Serbie et de la M-cédo me dont les Bulsares. après toutes sortes d’ho-reurs et de dévastatio"s contra'gnirenft les habitants À fuir dans les montagnes du

Po or mr nono mms

ERBIE

lations sc

Ja Roumanie — des 350.609 Roumains

. valeur de. leurs. mélhodies. À vrai

Balkan: ou celui-ci, que fous les monuments de la civilisation save en Macédoine sont serbes; où encore, que la Buigarie contemporaine, ce. produt des efforts let des ambitions étrangères, a fait huit guerres (en 40 ans!) contre tous les voisins

qui l'entourent; ou, enfin, que ls Baïkans |

ne furent jamais en repos quand l's Bulgares se sentaïent fort et que les Ba kans ne connaîtront jamaës la sécurité si la Bulgarie n’est pas ramenée dans ses frontières naturelles, c’est-à-dire dans ses frontières ethnographiques.

« L'Europe, écrivait l'autre jour, un éminent auteur, admirablement au courant des questions balkaniquies, M. Auguste Gauvain, ne sera point en repos

réduits à l'impuissance. Si. grâce à la com plicité maladioïte du sutan avec lexarchat, les Bulgares ont pu depu's 1870 se

livrer à une propagande effrénée en Macé- | doine et lieux circonvoisins, cela ne. leur

crée point de droits. Les succès art'ficieïs qu'ils ont obtenus parmi les popu-

dalle trace Si l’on met fin Ata propagande et aux violences... »

Le chef des socialistes bulgares «larges » peut se rassurer parfaîïtemient à cel égard.

Les arguments h'storiques seront pris ten | considération, On ne ‘les perdra même |

jamaïs de vue.

T, $

Un geste inqualifiable

Un certain M. Atanase Popovici, portait

le Lître de « président de la dé.égaiion |

des Roumains du Timok », a fait publier

dans le « Temps » du % féviter un appel

au peuple jfranças, $Sollicitant son conrcours pour la réunion À la mère patrie fu babi.ent en masse compacte dans 1e moi dest de la Serbie ‘un territoire de plus de 12.000 kilomètres carrés. M. Atanase Popovici fait appel À la France, la « protecüUice constante du peup:e roumain », principalement parce que la Roumanie, en tant que l’aliée de la Serbie contre les Germano-Magyars, se trouvait dans une situation déicate et n'aurait pas pu intervenir plus tôt en faveur des Roumains serbes « subjugués ».

Nous. n'aurionis l'école bulgare ait pu trouver de si bons

élèves parmi les Roumains qui ont eu pour- |

tant l'occasion de connaître les Bulgares

de près _et de ke rendra, compte de. la dire, |

nous avions eu déjà l’occasion de voir des cartes ethnographiques et his‘oriques roumafines qui nous rappelaient fort le

fameux Atlas de Rizoff;: nous avions éga- |

lement lu certaines déclarat'ons d’um) iministre roumain à l'étranger qui mous en

contaît de fortes Sur les « coronies cdom- |

pacles de Roumaïns même en Batchka et en Is're ». Toutefois, que des poiticiens de Bucarest aît pu aller jusqu'à créer de soi-disant délégations de Roumains du Timok ou de Macédono-Ronmains dans le but de feindre de demander q'e'qu2 chose au dé'riment .de la Serbie, pour arracher des concess'ons ailleurs, a dépassé vraiment notre attente, à Î En effet, nous ne comprembonis pas comment les Roumains ont pu se déc der à toucher à un sujet qui est, en réalié., si ne‘tement défavorab'e à la Roumanie (laque'le soft dit en passant, n’a pas toujours é6 l’aliée de la Serbie dans sa lutta

aussi | longiemps. que les Bulgares ne seront pas |

rficiels, #l wen restéra |

jamais supposé que |

contre les Germâno-Magyars) et que Les: Roumains. auraient tout intérêt à passer sous Silence, où du moins, à ne pas porter devant un auditoire aussi grand. : : Qu'en est-il en fat? : FE À part quelque ‘parenté linguistique, les Roumains de la rég'on du Timok n’ont absolument aucune parenté ave: 1 s Roumains de Roumanie, Ils n’omt aucune sym:

| pathie particulière pour la Roumanie; ce

sont de libres c'toyens de la Serbüe et cela

| depuis le moment où celle-ci a necouvré

son indépendance; ils ne vivent pas en | iasse compacte, maüs sont mê.és aux Ser| bes; leur nombre ne dépasse pas 100 à

120.000, js Sont maîtres de leurs terres, el, au point de vue économique, ils sont beaucoup mieux placés que les Roumains. Enfin, ils connaissent bien mieux le serbe

qu'ils ne connaissent le roumain. Il n'y

aurait qu'un seul moyen de les réunir à la Roumanie: ce serait la force. Voudrait-on y recourir? Ils ne formeraient, daus ce

| Cas, qu’une seule armée, animée d'un’ seul]

sentiment, le Sentiment anti-roumain. Les_ agissements des. politiciens de Bu

| Carest, qui Se sont servis de M. Atanase

Popovici, sont donc vraiment blâmables,

| d'autant plus œu'ils affectent la forme d’un

appel à ja noblesse de caractère du peuple français.

Dans les premiers jours de la, guerre

| mondiale, lorsque la France se débattait | entre la vie et la mort, et quand lei même | « Temps » appelait au secours tous les peu! p'es | manilé, personne me répondit, Ce ne fut qui

ui avaient à cœur la cause de l’hu-

plus tard. lorsque la victoire se dessina p'us nettement que des comba!tants vour la civilisation et la justice se présentèrent,

Aujourd'hui, l’allié de la France, le plus lent à se décider, demande au peup'e français de lui prêter son concours pour am-

| pufer la Serbie, allée de la France dès

le commencement de la guerre, d’une partie de son sol natïonal, y compris les fils qui habitent et qui ont contribué, au prix de sacrifices inouis, à la libération de tous les petits peuples, sans distinction de mér'tes. Et c'est cet acte que la France devraît commettre lemviers la Ser-

| bie, que M. Popovici baptise dé noble

et de généreux, prétendant que la France servira ainsi la cause de la jus-

M. Cvf ï

| tice!

Le dossier noir bulgare

Après Ja Macédoine, la Thrace!

On mande de Salonique a « Témips » que la persécution contre les Grecs de Thrace a amené une diminut'on) cons'dérab'e de Ta populalïon des villes.

À Souîli, sur 12000 Grecs, il en reste à peine 2000; dans la rég'on de Didymstichou, sur 60.001 Grecs, il n’en reste que 20.000; à Xanthiïa, les survivants grecs sont très peu nombreux. Si la tyrannie bulgare devait se prolonger, les Gmecs seraient tous exterminés rapidemnt,

Les Grecs de la Thrace occidentale viennent d’être sommés par les autoriés bulgares, de faire la déclaraton par écrit, dans les mairies, qu’its sont bulgares. Tous les Grecs qui refusent de renoncer à leur nalionalité se vo‘ent privés des cartes de vivres, et partout une faim atroce décimie les populaiions he:léniques.

Avant cela déjà, pour la première fois à la fin du XVIIIe sièci, ‘hu commencement du XIXe siècle, pour la seconde fois, les Serbes de Hongrie créèrent les premières feuilles politiques, mais à qui ne furent pas de longue durée. C'étaient d'ailleurs es pre… Miers journaux qui paraïssaient chez les Serbes. De même, en _ 185, ÿls publiaient, à Novi Sad, la première revue serbe, s Lé| fopis», qui fut plus tard propriété de la Matiza et devint pon organe. C’esl encore chez les Serbes de Hongrie que vit Je, jour, . quoique un peu plus tard, le premier illustré serbe, et us dà core que furent créées l'aimanog-aphie jet la litiérature emanëne, A commencement du XIXe siècle, les Serbes de Hongrie eurent

#8 premiers un théâtre saæbe, wréstion qui n'eut pas _de }endieMain, Mais, en 1863, on fonda à Novi Sarl un théâtre nabons sairbe

_- ambulant. ' . __ Ta création des premières salles de lecture serbes, et celle . Xs premières sociétés chorales, sont dues à l'initiative des Serbes _ de Hongrie, comme aussi l'ouverture de la première Banque

‘be et des £tablisements de crédit. Les Premières manifestations

‘bcônt également chez les Serbes de Hongrie. En k, “À Betchkerek (Banat) que fut forn

Serbe organisé, et c'est à que fut “Wéramme poliique (1869). c Et tour ce grand mouvement politico:

Jeunesse), de Hongri e. f

de Ja wie politique serbe s’an-

16 ke premier pari politique élaboré et adopté le premier

comational du peuple Herbe, Pokret (mouvement de Îla hoz les Serbes

(A suivre).

ef, C0 écaniques.

fSuite.) €

Il serait injuste de le leur trop reprocher, puisque les petits Etats établissent ia même distinction âvec ceux qui sont encore plus faibles qu'eux. D'autre part, Jes grandes puissances apportent, dans la règle, une contribution plus considérable à l'Huimanité que les petites ; elles sont donc bien en droit de prétendre à une influence particulière aussi longtemps qu’elles n'en abusent pas. Tant que le principe de la souveraineté nationale domine la vie des Etats. il sera difficile d'y apporter des changements essentiels. On se trouve en présence d’une siualion qui est conforme aux conceptions invétéiées, qui correspond à la . mentalité et au caractère général des Etats et qui, par conséquent, ne permet aucune égalisation par les moyens

La même remarque s'applique aux conditions économiques des Etats. Aujourd'hui, l'économie publique n'est pas internationale, mais nationale. Avant de créer des systèmes formels d'organisation économique internationale, il faut done réorganiser la base matériellé de Ja-vie économique de chaque Etat particulier dans le sens de la coopération. C'est un travail qui comporte une tranformation profonde de toute la machine économique. Une Conférence de la Paix n'est pas en mésure de l’actomplir. 6

Où pourra nous objecter que dans une collectivité com-

membres n'existe pas non plus,

LA LIGUE DES NATIONS

et que les différences

sociales entre particuliers n’empêchent pas J’Etat de £’organiser juridiquement. L'argument n'est pas sañs valeur. | Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu'un particulier se laisse plus facilement enfermer dans un cercle tracé qu'une communauté, un Etat. Et encore cette mission au pouvoir de, la collectivité, les particuliers ne l'ont-ils acceplée qu'après y avoir été forcés. Or, nous l'avons rappelé, la Ligue des Nations, pour pouvoir aboutir, doit reposer, elle, sur le libre consentement des peuples. |

En ce qui concérne l'exemple des Confédérations ou Etats fédératifs, il ést à remarquer qu'un lien particulier existe toujours entre les membres. de la Confédération, un trait commun quelconque tiré des nécessités ethuiques, politiques, économiques ou sociales et suffisamment (ort pour pénétrer la vie de toute l'union. Un tel trait commun existe pas encore chez les peuples er général, de sorte qu'un rapprochement, des peuples sous la forme d'une

Ligue des Nations doit forcément se limiter à des combi-

guerre.

{posée d'individus, telle que l'Etat, une égalité äbsolue dés

maisons particulières ayant des buts exactement définis etse trouvant dans le domaine des possibilités pratiques.

La commission chargée d'élaborer le projet d’une Ligue des Nations a tenu compte de toutes ces difficultés. Ce qu’elle propose, en somme, à la Conférence, comme statut de la Ligue des Nations, n'est qu'un essai de linitalion -dé la souveraineté extérieure des Etats, plus particulièrement dans la question des armements et de la liberté de fairé là

(A suivre.)