La terreur à Paris

LES SALONS DE PARIS

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travaillait-on à nous placer des abat-jour. Lie Plessis, autrefois l’école de l’enfance, était alors celle du malheur et de la mort. Quelques-uns des prisonniers y avaient passé cette première jeunesse qui ne connait que les peines légères de ses jeux contrariés ou de ses goûts astreints. Dans cette même cour où ils avaient exercé une gaieté folâtre, compagne de nos premiers ans, ils attendaient un acte d'accusation. On ne descendait qu’à l'heure des repas. Trois heures de promenade, vingt et une de cachot. Voilà comment nos moments s'écoulaient, jusqu'à celui où tout s'arrête. Le Plessis était la prison la plus dure de Paris ; elle était administrée par Fouquier-Tinville, et immédiatement sous sa discipline ; on était gou. verné avec la plus sévère barbarie ; on n’en sortait ordinairement que pour aller à la mort !. »

« Cet ancien collège, écrit encore un contemporain qui y fitrenfermé pendant une dizaine de mois, était devenu, pour ainsi dire, l'entrepôt général de la Conciergerie ; on y versait, dans le temps du triumvirat, une multitude de victimes de tout âge et de tout sexe que les cachots dela Conciergerie ne pouvaient contenir; et cependant on faisait sortir tout les jours de cette dernière prison un grand nombre de victimes, pour les envoyer à la boucherie. Le Plessis était aussi le rendez-vous des accusés des départements, qui y arrivaient en foule, de sorte que la maison ne fut plus assez grande pour contenir les personnes qu'on y faisait refluer; on fut obligé de

‘ Histoire des Prisons de Paris et des départements, contenant des mémoires rares el précieux. Ouvrage dédié à tous ceux qui-ont été détenus comme suspects, -rédigé «et publié par P.-J.-B. Nougaret. Paris (an VW), juin 1797, 4 vol. in-12.

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