La terreur à Paris
LES JUGES ET LES MASSACREURS 971
Un jour, au lieu du père accusé, on amène le fils. Le fils proteste, allègue son âge: « Citoyens jurés, s'écrie Dumas, vous voyez bien que dans ce moment il conspire, car il a plus de dix-sept ans. » 7
Le vice-président Scellier faisait aux jurés des discours de cette sorte:
« Citoyens, la Convention nationale, justement effrayée des forfaits innombrables du gouvernement britannique, vient de déclarer qu'il n’y aurait plus que des combats à mort entre nos armées et celles de ces féroces insulaires, et qu'on ne ferait plus de prisonniers de guerre. N’estce pas annoncer, de sa part, qu'elle veut terrasser tous les crimes du même coup ? C’est au tribunal révolutionnaire qu'il appartient de donner à ce décret la latitude la plus étendue ; c'est de son courage et de sa fermeté que la République attend l’anéantissement de tous lesconspirateurs qui s’agitent en tous sens pour lui percer le sein. »
L'autre vice-président, Coffinhal, était un ancien médecin. C’est lui qui répliquait à Lavoisier : « La Républiquen'’a pas besoin dechimistes. » Un jour,on lui amène le fils au lieu du père : il change sur l’acte d'accusation le nom du père en celui du fils et met 22 ans au lieu de 61. Cela fait, il condamne.
Les juges valaient leurs chefs.
L'un d'eux, Foucaut, disait: « Il nous faut du sang, le peuple veut du sang.»
Les jurés valaient les présidents et les juges.