Le Comité de salut public de la Convention nationale

38 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC

Bertrand Barère (de Vieuzac) naquit à Tarbes en 1733. Il se consacra d’abord aux lettres et fut couronné par l’Académie des jeux floraux de Toulouse. Il devint avocat au parlement de cette ville, puis conseiller à la Sénéchaussée de Bigorre, dont le tiers état l'envoya aux États généraux. Il rédigea le journal le Point du Jour. Élu député à la Convention par le département des Hautes-Pyrénées, il présida l’Assemblée avec beaucoup de dignité pendant le procès du Roi, et fit ensuite partie du Comité de défense. C’est lui qui obtint le plus de voix comme membre du Comité desalut public. Flottant indécis entre tous les partis sans s’attacher franchement à aucun, il avait partout des sympathies. La grâce de ses manières lui gagnait les cœurs. Il n'épousait pas une opinion avec assez de passion pour haïr ceux qui ne la partageaient pas. Dans une réunion d'hommes àpres, tenaces, raides, — les Lindet, les Cambon et plus tard Robespierre et Saint-Just, — il n'était pas mauvais qu’il se trouvât un homme aimable, liant, qui pacifiait, conciliait, calmait les susceptibilités. On lui a reproché la désinvolture avec laquelle il brülait le lendemain ce qu'il avait adoré la veille, et on l’a qualifiée de fausseté et de fourberie. La légende le représente même ayant, dans la séance du 9 thermidor, deux discours en poche, l’un en faveur de Robespierre, l’autre contre lui, en prévision des événements. Il est certain que « le souple et ondoyant Barère » a souvent varié dans ses opinions et ses affections. L'immutabilité n’est pas son fait. Mais s’ensuit-il que le désir de sauver sa tôle ait été le seul mobile de ses actes ? Il lui eût été facile, dans ce cas, de descendre des hauteurs périlleuses où il était monté, et de s’enfouir comme Siéyès dans quelque comité obscur afin de passer inaperçu. Ses va-