Le Comité de salut public de la Convention nationale
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disparaisse. Leur choix n'est pas douteux. D'un côté, des hommes généreux, éloquents, aimant sincèrement la liberté, mais sans autorité sur la foule, sans esprit de décision et aveuglés par la noble illusion de sauver la République par la légalité et l'humanité; — de l’autre, des hommes d'action, audacieux, animés d'une furieuse énergie, soutenus par la multitude exaltée et fanatique, et décidés à faire usage de toutes les armes pour sauver la France et la Révolution. Les Girondins sont donc condamnés d'avance (1). Ils le sont surtout depuis le jour où, ayant calomnié Danton et repoussé ses avances, le tribun leur a déclaré une guerre à mort (1° avril 1793).
Les Montagnards seront soutenus par les Jacobins et par la Commune. C’est du club des Jacobins que sortent les motions violentes, les adresses impérieuses, les délations. Le président choisi au début d'avril est Marat; cenom seul est un indice assez clair de l’état des esprits. Le concours de la Commune est tout aussi certain, quoique moins désintéressé. Elle aidera à la chute des Girondins, mais en même temps, elle cherchera à dominer les Montagnards dont elle aura assuré le triomphe. Car elle joue à l’Assemblée omnipotente; elle envoie comme la Convention des commissaires auprès des armées ou dans les départements, vient faire de temps en temps des pétitions menaçantes à la barre, critique les actes des comités et des ministres, et tyrannise Paris.
Les mois d'avril et de mai sont marqués par ce duel
(4) « Comment auraient-ils fait avec des lois justes ce que les Montagnards firent avec des lois violentes? Comment auraientils vaincu les ennemis étrangers sans fanatisme, comprimé les
partis sans épouvante, nourri la multitude sans maximum, aliment les armées sans réquisitions? » — Mignet.