Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

PARMI. CEUX QUI NE CHANTAIENT PLUS 239

nous attendent ». Et c'était les avions bulgares qui nous attendaient, Et toujours je mentais, je mentais! je ne sais pas encore comment nous avons pu parvenir jusqu'ici! »

Nous avions fait quelques pas sur la route, vers la lagune. Là, sur le rivage, touchant presque l'eau, dans un décor de verdure tendre, parmi les asphodèles, un cimetière de tombes fraîches. Mon compagnon tendit le bras :

— Ceux-là, épuisés, ne sont arrivés jusqu'ici que pour y mourir. Ils étaient fils de terres froides et hautes, laboureurs de Ja Morava ou pâtres du Rondnik. Ils étaient d’une race qui depuis six siècles cherchait son chemin vers la mer. Ils l'ont atteint après le plus effroyable drame qu'’ait jamais vécu un peuple et ils sont morts parmi les orangers en fleurs, Sous ce ciel de rêve, les autres qui avaient gardé quelque force renaissent à la vie. Et un de ces jours prochain on leur dira : « Debout! L'heure du repos est passée. Oubliez le ciel bleu, les