Le serment de liberté et d'égalité en Maine-et-Loire

ie

M. Bérault, prieur-curé de Baugé, mort le 21 août 1794, était de l’avis de M. Meilloc. Un chanoine de SaintMartin d'Angers, M. Barat, qui avait été libéré, comme ces deux derniers, le 17 juin 1793, offrit de prêter le serment de liberté et d'égalité, le 11 janvier 1794, jour où il fut guillotiné à Angers : « Je m'appelle Louis-Pierre Barat, chanoine du ci-devant chapitre de Saint-Martin, non assermenté parce que j'ai cru que je ne pouvais en conscience faire un serment sur des objets vagues qu'on appelle liberté et égalité, et que je ne pouvais violer le premier serment que j'avais fait conforme à mes opinions religieuses ; mais je conviens aujourd'hui que la nation a eu le droit de faire ce qu’elle a fait, et j'offre de prêter le serment de fidélité à la République sous la réserve de mes opinions. » (Anjou historique, V, 529.) (1)

À part ces quelques exceptions, l'opinion relative au serment de liberté et d'égalité fut nettement défavorable. — Nous avons vu que le 9 février 1794, M. Pinot, curé du Louroux-Béconnais, accusait deux religieux de Pontron d’avoir « donné le scandale » en prêtant ce serment. — « Que trouvais-tu qui pût blesser ta conscience dans le serment ? » demandait le président du Comité révolutionnaire à M. Laigneau de Langellerie, aumônier du Carmel d'Angers, le 11 octobre 1794. Le serviteur de Dieu répondit : « C'était d'approuver, par un serment,

conseils de M. Meilloe. Peu après, le supérieur du séminaire écrivait : « C'est le seul désir de faire le bien qui m'a déterminé à manifester une opinion que je croyais n'avoir adoptée que pour moi-même et sans aucune intention qu’elle servit jamais à d'autres. » A la fin d'un autre écrit, composé à la même époque, M. Meilloc disait : « Mon intention*est que personne ne s’en autorise pour faire le serment ou pour ne pas le rétracter. »

(1) Le 5 mars 1794, M. Morin, recteur de Freigné, disait dans son interrogatoire à Angers : « Ne pouvant plus rester à Freigné, je repris le chemin de Nantes (fin 1792). N'ayant pu trouver de vaisseau, ayant d’ailleurs entendu parler d’un second serment que je pouvais faire, et manquant de tout, je revins à Saint-Florent-le-Vieil. » (Anjou historique, XV, 153.)