Le système continental et la Suisse 1803-1813
Le travail des pailles dans les bailliages argoviens, à Zurich et à Fribourg.
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un besoin urgent, aussi se répandirent-elles promptement dans toute l'Allemagne !.
De Leipzig et à l'exemple des Saxons, les Suisses poussèrent leurs affaires jusqu’en Bohême, en Autriche et en Pologne, partout avec un brillant succès ; lPannée 1809 notamment, resta proverbiale en Argovie comme époque de prospérité extraordinaire. La guerre n’interrompit même pas ce commerce florissant sur les marchés allemands ; en 1813, Jacob Isler fils se trouvait à Leipzig en pleine tourmente et assistait à la bataille livrée sous les murs de cette ville; en 1814, année excellente s’il faut en croire les comptes de la maison, la marchandise atteignit des prix exceptionnellement élevés. Avant la fin de la Médiation, les Argoviens purent encore nouer de solides relations commerciales avec la Hollande et l'Angleterre ?.
A cette prodigieuse extension des débouchés étrangers répondirent les progrès réalisés dans l’industrie des pailles en Suisse et notamment à son lieu d’origine, les bailliages argoviens.
De nouvelles maisons se fondèrent à Wobhlen, Hägglingen, Bünzen et participèrent avec l’entreprise de Jacob Isler aux succès remportés en Allemagne.
Des écoles de tressage furent créées dans les principaux centres; ce fut notamment le cas à Muri, grâce à initiative du bénédictin Hediger, curé de ce village. Elles contribuèrent à augmenter l'élégance et la variété des produits. Puis, sous le contrôle sévère du gouvernement qui surveillait étroitement les abus et les fraudes, l’industrie des pailles gagna les districts argoviens les uns après les autres. Concentrée au dix-huitième siècle autour de Bremgarten et de Muri, elle s’étendit peu à peu au Nord sur Baden et à lPOuest sur
1 Allg. Ztg., 7 août 1808 ; — Lehmann, p. 35, 8.
2 La locution argovienne : «S’goht wie anno nüni» (ça va comme en l'an neuf) date de cette époque. 3 Lehmann, p. 35, 46.