Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, S. 102

90 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

Nous arrêtons, ici, les détails de cette âpre et ardente polémique.

Deux jours après, Le 30 avril, on donna le Cid, représentation très brillante, avec Monvel dans Don Diègue. Talma jouait Rodrigue, et M'e Desgarcins Chimène.

Toutefois, de ces attaques réciproques, de cette polémique violente, qui signalèrent la scission des comédiens et l'établissement du nouveau théâtre, naquit, résultat de la concurrence, une émulation salutaire et féconde. Dans les deux camps on lutta de travaux et d’efforts.

La Comédie-Française, Surtout, fit preuve d’une activité bien en dehors de ses traditions, pour ne pas se voir trop distancée par son jeune et ardent rival.

Aïnsi, après avoir fait l'ouverture, le 2 mai, avec Tphigénie en Aulide, suivie de l'Ecole des maris, Où figuraient Mmes Petit-Vanhove, Raucourt et Sainval cadette, elle représentait, à la date du 19 mai, la première œuvre d’un jeune auteur de vingt ans, Arnault. Marius à Minturnes, tragédie en trois actes, sans femmes, obtint un succès complet. Acclamé par le parterre, l’auteur fut dans la douce obligation de se montrer dans une loge.

Sa dédicace d'auteur, à Mz° L. Brak, mérite d’être citée, comme le type d’un style prétentieusement sentimental, que nous retrouverons souvent dans le cours de cet ouvrage :

« Je vous remercie, vous qui n'avez pas dédaigné cet essai d’un poète de vingt ans; vous le dédier, c'est acquitter le tribut que tout être sensible doit au sexe aimable.

« Quelle que soit l’austérité de mon Marius, je ne crains plus d’être accusé de n’avoir pas sacrifié aux Grâces.

& ARNAULT. »