Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
16 LES CAHIERS DES CURÉS
de la Compagnie abolie se maïntinrent, isolés, mème à la cour. Les princes et les princesses, la reine, le dauphin, le roi, ne cessèrent pas d'avoir des confesseurs jésuites (1).
Leurs hauts protecteurs les laissèrent, rapporte l'abbé Anquelil, inventer les conférences laïques, les congr'égations mondaines, grâces auxquelles, alors, comme de nos jours, ils gouvernaicnt les familles, organisateurs de mariages et distributeurs de celles des successions qu'ils n’accaparaient pas. La soumission à « l'ordinaire » leur fut facile dans divers diocèses, dont les évêques étaient à eux. En 1776, deux jésuites prêchaient ouvertement la mission avec une autorisation en règle de l'archevêque d'Arles.
La révolution Maupeou contre les parlements ne fut (2), qu'une restauration jésuitique. Le renversement du réformateur Turgot fut aussi, en grande partie, l'œuvre de la néfaste Compagnie. N'est-ce pas elle encore qui inspirait le déplorable cardinal de Brienne, lorsqu'il semait la dissolulion dans le clergé régulier et séculier de son archi-diocèse de Toulouse, puis, ministre, cherchait, par son coup d'État de 1788, à empêcher la tenue des États généraux ou à éloulffer le réveil national en provoquant l'anarchie universelle ?
IV LES CONGRÉGATIONS ET L'ÉTAT SOUS L'ANCIEN RÉGIME
L'Église et l'État étaient unis sous l'Ancien régime. Mais, lorsque Louis XIV pouvait dire: « L'Élat c'est moi! » il °
(4) Jobez, La France sous Louis XV, t. VI, p. 227. (2) Comme l'explique M. Jean Wallon, ch. I du Clergé de 89.