Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

20 LES (CAHIERS DES CURÉS

V LA COMMISSION ROYALE DES RÉGULIERS

Sous Louis XIV, par l’édit de 1695, dit de juridiction (1), s'était essayée une réforme générale du clergé. Il avait été ordonné aux réguliers de se soumettre, en chaque diocèse, à «l'ordinaire, » c’est-à-dire au pouvoir de l'évêque assisté de ses grands vicaires et de son chapitre.

Mais cette abolition des priviléges monacaux ne pub s'effectuer. Les supérieurs des principaux ordres obtinrent, dès 1696, une déclaration interprétative portant que les religieux continueraient à jouir, sous la protection royale, des « exemptions légitimes » accordées à diverses congrégations et à certains monastères particuliers. Dans plusieurs provinces, comme en Flandre, des arrêts du conseil prononcèrent, en 1698, la suspension locale des effets de l'ordonnance royale [2).

L'œuvre délaissée fut reprise par l'édit de décembre 1766, rédigé non-seulement sous l'influence de la philosophie, mais aussi sous celle du jésuitisme (3).

Le jansénisme avait, en effet, pénétré dans les couvents des deux sexes, et la grande persécution de la Bulle avait fait d'innombrables victimes parmi les bénédictins et oratoriens des villes, les capucins et les carmes des campagnes. Même après la dissolution de la Compagnie de Jésus, les évêques affiliés avaient continué la poursuite des « appelants au futur concile, » abreuvé de tracasseries les moines

(1) Articles 18 et 19.

(2) Essais politiques sur l'autorité et La richesse du clergé; in-8, 1786, p. 135-139.

(3) Jean Wallon, L, c. p. 71-75,