Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LÉS TROIS CLÉRGÉS 21
etles sœuts des ordres qui « repoussaient avec horreur, comme une hérésie, ce catholicisme politique de la cour de Rome qui change tous les dix ans. » Plusieurs, comme Brienne en son archevèché de Toulouse, trouvaient dans la suppression des monastères de leur voisinage le moyen d'augmenter leurs revenus. Applaudis du monde parisien comme « antimoines, » ils doublaient avec le produit d’abbayes « en commende, » leur opulence épiscopale.
Les religieux, d’ailleurs, divisés sur les dogmes, infidèles à leurs règles, et souvent très-corrompus, atliraient euxmêmes les railleries de la philosophie et l'attention plus ou moins sérieuse de l'autorité. Chez les trop riches bernardins de Grandselve, raconte l’abbé de Montgaillard [1), « il n'y avait d'autre danger à courir que celui des indigestions et des apoplexies entre les bras d’une dame. »
L'assemblée générale du clergé, en 1765, retentissait d’une très-grosse querelle entre les moines de Saint-Germain-des-Prés et des Blanes-Manteaux, ceux-ci attachés aux règles antiques, et ceux-là réclamant un changement complet de vie, d'habits et de mœurs. De tous côtés s’élevaient les réclamations des desservants à « portion congrue » de 500 livres par an, contre les couvents et les chapitres réguliers, qui absorbaient les dimes des paroisses en qualité de « curés primitifs, »
L'édit de 1766 commence par interdire « n'importe quelle altération de l'état constaté des ordres et des couvents, sans autorisation des magistrats. » Ensuite, il confère à une commission pleins pouvoirs de réformer, réunir, et au besoin supprimer les communautés dangereuses ou inuliles. Cette commission dite des Réguliers, se composait primitivement de l'archevêque de Reims, président; des arche-
(1) Histoire de France, édit. de 1827, chap. I, p: 246.