Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 29

soulevé l'indignation contre les communautés de filles. L'Emile, de Jean-Jacques Rousseau, avait, en quelque sorte, ameuté l'amour maternel contre la stérilité des couvents.

Les économistes, Turgot, Le Trosne, avaient condamné, comme absolument inutile et nuisible, la prétendue vie pour le ciel, parce qu'elle supprime et les jouissances et les responsabilités de l'existence sociale, parce qu'elle entrave la multiplication de l'espèce humaine et les travaux qui font la richesse des nations.

VIL LES REVENUS DE L'ÉGLISE

Jamais les assemblées générales du clergé ne consentirent à donner un état complet etauthentique desbienset revenus de l'Église. En vain le souverain le réclamail-il sans cesse en qualité de seigneur ficffeux du royaume entier (1). Elles faisaient la sourde oreille, et parfois, comme en 1750, au lieu de répondre à la déclaration royale, acceptaient sans mot dire l'évaluation de fise (2), d'ailleurs faite au-dessous de la réalité. Elles réussirent toujours, sous l'Ancien régime, à tromper en même temps le pape et le roi: le pape auquel était dus, sous le nom d'annates, les produits d’une année des bénéfices en vacances, dont la cour de Rome avait à confirmer les nouveaux titulaires ; le roi, à qui, pour les besoins de l'Etat, il fallait bon gré malgré fournir un « don gratuit », le moindre possible.

Faute de documents sérieux etgarantis, les appréciations

(1) Henrion de Pansey, Dissertalions féodales (in-8o 1789), arl. « déclaration, aveu et dénombrement. (2) Le Trosne de l'Administration provinciale, p. 504.

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