Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

30 LES CAÏIERS DES CURÉS

les plus exagérées en moins et en plus étaient permises. Par exemple, l’auteur d'une brochure très répandue en 1788, le Clergé dévoilé ou l'iniquité retombant sur elle-même (4), prétendait avoir prouvé, « comme deux et deux font quatre », que les revenus du clergé, biens, dimes, droits seigneuriaux, casuel, s’élevaient à plus de 4 milliard 800 millions.

D’après les mémoires, non publiés, de l’Assemblée du clergé de France en 1655, le prêtre et docteur en théologie Moreri (2) cilait le chiffre de 312 millions de livres, auquel, pour avoir le total, sous Louis XV, il faudrait ajouter les revenus du clergé des provinces annexées sous Louis XIV. L'ancien jésuite Cerulli, secrétaire de Mirabeau, dans une de ses brochures de 1788, (3), présentait comme la plus probable la somme de 412 millions.

M. Paul Boiteau, dans son très intéressant ouvrage sur l'Etat de la France en 1789; reproduit l'évaluation détaillée d’un royaliste de nos jours, Bonvalet-Desbrosses :

8.000.000 en bois,

30.000.000 en maisons,

86.000.000 en terres,

75.000.009 en dimes et cens,

23.000.000 en rentes,

224.000.000 livres, par an.

Laquelle somme, ajoute le stalisticien clérical, eu égard à la différence de la valeur de l'argent en 1789 et en 1860, représente 500 millions de francs.

Les dimes, avec les cens, sont évidemment trop peu estimés. Sans les cens, Lavoisier portait les dimes à 70 millions ; Dupont (de Nemours) de 100 à 120 millions, et le ministre Necker à 130.

(4) In 80 de 80 pages, p. 31. (Biblioth. révol. du Louvre).

(2) Grand Dictionnaire historique, édition de Paris, 1759, t, VT, p. 318, col. 1).

(3) Mémoire pour le peuple français.