Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 39

L'augmentation de valeur des biens de l'Eglise fut en même temps limitée par le droit d’ « amortissement » venant, à la place du droit de succession, atteindre les mutations de titulaires des bénéfices.

Les corporations perpétuelles, ne mourant jamais, auraient fini par tout absorber, si la liberté d'acquérir leur avait été laissée, Même sans plus pouvoir s'étendre, elles auraient tout dominé si leur possession collective avait été consacrée au même titre que la propriété individuelle, et si elles avaient joui, hors de la surveillance de l'État, de la liberté d'exploitation.

X LA RÉPARTITION DES BIENS DE L'ÉGLISE

« Le fleuve d'or », — roulant annuellement plus de 270 millions de livres au moment où la monarchie acheva de le canaliser, — eût dû, semble-t-il, suffire, et de lamanière la plus large, à entretenir ct fertiliser tous les services publics du culte, de l’enseignement et de la charité.

Mais il n’en était pas ainsi. L'or du fleuve, dès sa source, se trouvait absorbé par l'aristocratie du clergé régulier et du clergé séculier. Il ne restait presque rien pour la charité, pour l'enseignement, même pour le culte. Les églises de village tombaient en ruines ; on ne rebâtissait que des granges (1).

Les curés à « portion congrue » végétaient dans une insupportable misère, tandis que les hauts bénéficiers et gros décimateurs jetaient par les fenêtres les revenus du clergé.

L'absurdité et l'iniquité de la répartition des ressources

(1) V. l'abbé Mathieu, L. c. p. 145,