Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 49

«… On danse au chapitre d’Ottmarsheim, en Alsace... Au chapitre d'Alix, près de Lyon, les chanoinesses vont au chœur en paniers, habillées comme dans le monde, sauf que leur robe est de soie noire et que leur manteau est doublé d’hermine... Près de Sarrelouis, les chanoiïnesses de Loutre dinent avec des officiers et ne sont rien moins que prudes... Quantité de couvents sont des asiles agréables et décents pour des dames veuves, pour de jeunes femmes dont les maris sont à l’armée, pour les filles de condition, et la supérieure, qui le plus souvent est demoiselle, tient avec aisance et dextérité le sceptre de ce joli monde féminin ! »

Les chapitres nobles de femmes n'étaient (1) que des « séminaires de filles à marier ». — « Répudier toutes les joies de la vie religieuse pour n'en garder que les avantages matériels », dit l'abbé Mathieu (2), « en réduire les devoirs au célibat temporaire et à la célébration de l'office divin, se débarrasser de la clôture, des troix vœux, » — pauvreté, chasteté et obéissance, — « de l’habit monastique et de la vie commune; transformer les cellules en autant de maisons de plaisance disposées autour du cloître, interdire avec un soin jaloux l'accès de ces riantes demeures à toutes les roturières, faire du bien de l'Eglise le patrimoine d'une caste et recouvrir toute cette décadence d’un magnifique appareil de puissance, de culte extérieur et de charité : telle était l'œuvre qu'accomplirent..… plus de cinq siècles avant la Révolution et que maintinrent jusqu’en 1790 les chanoinesses de Remiremont, Epinal, Poussay et Bouxières-auxDames. »

L’abbesse de Remiremont (3), princesse du Saint-Empire,

(1) Comme on les appelle dans le Dictionnaire de Trévoux. (2) L’Ancien régime en Lorraine et Barrois, in-8°, 1879, p. 68. (3) Ibid., p. 71.