Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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suzeraine d'immenses domaines, menail un {train presque royal. Elle portait la crosse d’or, s'asseyait à l'Eglise sous un dais de velours et rendait la justice à certaines époques de l’année. Elle ne se promenait jamais qu’en carrosse à six chevaux. Après sa mort, les cent églises dont elle avait le patronage sonnaient le glas funèbre pendant vingt-quatre: jours.

Généralisant ses gracicuses peintures des intérieurs des chanoines des deux sexes, M. Taine constate(1): «Les vingtcinq chapitres nobles de femmes et les dix-neuf chapitres nobles d'hommes sont autant de salons permanents et de rendez-vous incessanis de belle compagnie qu'une mince barrière ecclésiastique sépare à peine du grand monde où ils se sont recrutés. »

Beaucoup plus hospitaliers encore, plus pompeuxet aussi charmants sont les palais épiscopaux. Chaque évéché est une « cour, » où « représente » un vrai prince.

Trente-deux prélats sont seigneurs temporels de leur ville, du district environnant, parfois de tout le pays. Là tour féodale de l’évêque de Saint-Claude domine tout le mont Jura. L'évêque de Cahors en est aussi le comte, ct, S'il officie solennellement, il dépose sur l'autel son casque, sa cuirasse, ses gantelets et son épée. L'évèque de Mende, seigneur du Gévaudan depuis le onzième siècle est, ou peu s’en faut, le roi de son diocèse. L'’archevèque de Cambrai règne en duc sur tout le Cambresis. Geux de Bordeaux ou Narbonne, de Toulouse ou Besançon « chassent, bâtissent, ont des clients, des hôtes, un lever, une antichambre, des huissiers, des officiers, une table ouverte, une maison montée, des équipages... et le plus souvent des dettes, dernier point qui achève le grand seigneur, »