Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LES CAHIERS DES CURÉS
QE 1
XII LES MOEURS ET LA RELIGION DU HAUT CLERGÉ
Au simple point de vue des mœurs, le Roban de Saverne ne faisait pas exception. Son mot d'ordre à son secrétaire : « Liberté! Facilité ! » était donné dans toutes les grandes réceptions de l'aristocratie épiscopale ou abbatiale, S'il ne restait qu'une chambre au château de campagne et qu'il s'y présentät une dame, avec un jeune officier, Son Eminence interdisait «la plus petite réflexion » à la valetaille : ce dont ne se plaignaient ni l'officier ni la dame (1).
À Grandselve, les bernardins fêtaient saint Bernard par quinze jours de chasses, danses et comédies. Le quartier des dames, écrit finement notre rétrospectif coureur de couvents (2), était « pourvu de tout ce qu'il faut pour la toilette, et l’on dit mème qu'aucune d'elles n'avait besoin d'amener son officier ».
A Clairvaux, l'hospitalité était la même pour les gens de qualité. L'abbé dom Raucourt était, dit le comte Beugnot (3), » poli avec les hommes, galant avec les femmes et, avec ou malgré tout cela, fort bête. » Lorsque, élu député, il parut à Versailles, Marie-Antoinette ne put retenir cette exclamation : « Ah! le beau moine ! »
On sait ce qu’étaient les petits abbés de cour et deruelles, pourvus de bénéfices simples, qui n'avaient d’ecclésiaslique que la tonsure à peine et un coquet rabat: sans fonc-
(4) Taine, I, 156.
(2), 196.
(3) Mémoires du comte Beugnot, 2 v. in-8°, Dentu 1869, 2 édition, p. 90-92.