Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 9

tions religieuses quelconques, ils faisaient des vers licencieux au lieu de marmoter des patenôtres, ils remplaçaient le service de l'autel par celui du boudoir. — « Je défie », éerivait Camille Desmoulins (1) «qu’on me montre dans la société, rien de plus méprisable que ce qu'on appelle un abbé? Qui est-ce, parmi eux, qui n'a pris la soutane, cette livrée d’un maitre dont il se moque intérieurement, pour vivre grassement et ne rien faire? »

Il y avait aussi de grands abbés de la même espèce, et ie vrai tvpe en fut, rapporte le prêtre D. Mathieu, (2) le spirituel libertin qui écrivit Aline, reine de Golconde, Stanislas de Boufflers, abbé de Belchamp et de Longucville, chevalier de Malte, que l'on ne savait comment appeler, tantôt abbé tantôt chevalier, qui fut capitaine de hussards et maréchal de camp, alla gouverner le Sénégal pour expier une chanson contre Marie-Antoinette, en revint pour se faire nommer membre de l'Académie française en 1788, fut à la fois électeur noble et électeur ecclésiastique dans les assemblées des baillages lorrains, se fit nommer député par le second Ordre, émigra après le 10 août 1792, mais revint en 1800 reprendre sa place à l’Institut et... à la cour de Napoléon.

« Fils d'une favorite du due Stanislas, dit l'abbé Mathieu, la cormende Vavait enrichi dès le berceau, et le bien de l'Eglise, le patrimoine des pauvres n'a servi, entre ses mains, qu'à payer les dettes et nourrir les vices... d’un bàtard de famille. »

Non plus parmi les commendutaires, mais parmi les évèques en fonctions, la galanterie se déployait sans la moindre réserve.

A Saint-Dié, M. de la Galaizière faisait danser toute la ville jusqu’à deux heures du matin, pour célébrer son

(1) La France libre. (2) L'Ancien régime en Lorraine, p. 11.