Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

04 LES CAHIERS DES CURÉS

installation dans son diocèse, L’évèque de Toul amenait de Paris de jolis chanoines, qu'on appelait déjà de « jeunes gandins », qui se promenaient par les rues avec des dames et couraient les bals masqués en carnaval. L'avant-dernier évêque de Nancy (1778-1783), M. de la Tour du Pin, pour plaire à une sœur fastueuse, donnait de grandes soirées, musique et danse mêlées ; ses curés allaient le supplier de suspendre, au moins pendant le carème, ses réceptions {rop mondaines (1).

M. Taine nomme d'un seul coup quatre évèques assistant chez un ministre, M. de Trudaine, à une pièce, les A ccidents ow les Abbés, que l’auteur, le peu pudique Collé, n’a pas osé laisser imprimer, {ant elle était épicée. En d’autres aussi joyeuses maisons brillaient MM. de Montauban, de Bordeaux, d'Autun, le cardinal de Montmorency et l'évèque d'Orléans, celui-là même qui tenait la feuille des bénéfices.

L'évèque du Mans, M. de Grimaldi, ne prenait pour grands vicaires que ses camarades de classes, jeunes comme lui, et sa maison de campagne de Coulans était renommée par les jolies dames qu'on y rencontrait. L'archevèque de Narbonne, Dillon, avait fait de son abbaye de Haute-Fontaine, dans le Soissonnais, une maison de plaisirs très fréquentée par les dames de la cour. |

L'évêque d'Arras, M. de Conzié, surpris à quatre heures du matin chez une belle pénitente, par un rival, officier aux gardes, se faisait apporter un habit laïque, descendait au jardin et échangeait un coup d'épée. C'était du plus grand genre, et l’on ne trouvait guère à redire non plus à la franchise de l’abbé de Saint-Germain-des-Prés, — prince du sang, d'ailleurs, — M. de Clermont, qui, dans sa maison abbatiale de Berny, pour faire les honneurs de sa table, ins{allait une danseuse de l'Opéra, Mlle Leduc. Même dans

(1) Ibidem, 153, 154, 330, 334.