Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 99

avait, en nombre considérable, qui relevaient d'un chapitre, dont les chanoines se disaient « curés primitifs, » parce qu'autrefois ils yenvoyaient l’un d'eux officier; elles étaient administrées par des vicaires perpétuels. C'étaient les chapitres elles couvents qui en désignaient les titulaires.

Aux autres, c'étaient des « patrons » laïques, qui étaient le plus souvent, mais qui n'étaient pas nécessairement les seigneurs du village. Le « patronage » héréditaire remontait, soit à la création dela paroisse, soit à quelque fon dation pieuse qui l'avait fait concéder. Il était habituellement « réel, » c'est-à-dire attaché à la terre de celui qui l'avait le premier exercé, et il se vendait avec cette terre.

Pour devenir curé, l'essentiel n'était pas d'être né Français ou naturalisé, d’avoir étudié au séminaire, d’avoir été reçu, de vingt-deux à vingt-trois ans, sous-diacre, diacre, et d’avoir été ordonné prêtre. Produire ses aptitudes, prouver son mérite, ne servait à rien, si l’on ne savait, par démarches réitérées, « solliciter un patron, » et, « après avoir couru le bénéfice, » décrocher une cure : ces pratiques journalières, écrit l'abbé Mathieu (1), « étaient entrées dans les mœurs el n'étonnaient personne. »

Parfois on devenait curé « par résignation, » le titulaire de la cure la passant à un autre prêtre moyennant une pension de retraite en sa faveur.Canoniquement on pouvait jeter son dévolu sur une cure, que l’on dénonçait comme ayant été obtenue « par simonie, » et dont on passait titulaire, si, devant la justice ecclésiastique et civile, puis en cour de Rome, la dénonciation était reconnue juste. Mais c'était très-rare parce que c'était très-long, très-compliqué, très-coûteux.

Une fois investi, le vicaire perpétuel ou recteur attitré jouissait au moins du privilége de l’inamovibilité. Seule-

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