Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 61

et dimes de la victime de sa fantaisie. — Les prélats bien en cour avaient soin de se pourvoir de lettres de cachet signées en blane par le roi. Chez le cardinal de Luynes, mort en 1788, on en trouva 500!

XV LES CURÉS À PORTION CONGRUE

La plupart des curés, — inamovibles en droit, incommutables en titre seulement — n'étaient point des bénéficiers vivant d'un office, comme les autres ecclésiastiques, comme ceux que rentait l'Eglise sans qu'ils lui rendissent aucun service et qui souvent la déshonoraient. Ils étaient officiers sans bénéfices, réduits à la portion congrue — ou plutôt incongrue — comme écrivaient couramment les curés publicistes et les électeurs de 1789.

L'abbé Fleury,à la fin du dix-septième siècle (1),pose encore en principe ; «Les dimes sont établies pour donner la subsistancespirituelle.Elles doivent donc régulièrement être payées aux pasteurs de qui le peuple qui les paye reçoit l'instruetion et les sacrements. » Il s’abstient de légitimer par l’admission d'un contrat quelconque les détournements de la dime commis au détriment des paroisses.

1 définit « la portion congrue » une «pension que l'évêque, ou le gros décimateur doit assigner au curé, en espèces ou en argent, pour son entretien. » Il en est de même, ajoutet-il, « des curés primitifs à l'égard des curés perpétuels. Les derniers arrêts du Parlement de Paris avaient fixé la portion congrue à 300 livres ; Le roi a étendu cette règle à toute la France par la déclaration du 29 janvier 1686. »

(1) Institution au droit ecclésiastique, Ch, XIIT.