Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
66 LES CAHIERS DES CURÉS
représentät pas le vingtième de ses revenus effectifs, les curés étaient, pour la plupart, taxés au dixième de leurs misérables honoraires, au nombre desquels on évaluait, jusqu’au casuel ! (1).
Il va sans dire que la répartition des décimes au bureau diocésain s’effectuait sans que le bas clergé fût consulté. Peut-être bien quelqu'un de ses membres — non élu assistait-il pro formä à la séance annuelle de répartition, chez l’évêque, pour y dire amen comme les autres et prendre part à un excellent diner, avec jeton de présence, aux frais des contribuables. Pour sûr, si le curé trop pauvre ne pouvait payer à première réquisition, on le constituait débiteur avec 6 pour 100 d'intérêt. Sur nouvel avertissement non répondu, on le réputait contumax et l'on établissait dans son presbytère des garnisons à 2 livres par jour, dont moitié pour le receveur et moitié pour lévèque (2).
Les « dons gratuits du clergé «, rapporte un publieiste de 1788 (3), servent de prétexte à des emprunts dont une partie va au Trésor royal « et le reste, Dieu le sait ! » La répartition « s’en fait sur le revenu du pauvre clergé subalterne… qui ainsi se trouve sujet à la taille, comme le peuple. » Cette répartition s'opère, « au vu et su de tout le monde, avec une telle inégalité que, notamment dans le Bugey, les Chartreux de plusieurs couvents sont tous ensemble taxés à 4 ou 500 livres par année, tandis que les malheureux curés circonvoisins ont à payer 100 livres chacun! (4) »
Un membre du conseil nommé par l'assemblée provinciale d'Auvergne, l'avocat au Parlement Gaultier de Biau-
(1) Le Trosne, Administration provinciale, p. 502.
(2) Rozet, Véritable origine des biens ecclésiastiques, t. IT, p. 168.
(3) Le Patriote isolé, in-8° de 64 p., Bibl, Nat. Lh'*, 693.
(4) Ibid. p. 31,