Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 67

zat (1), écrivait en 1788 : « Les ecclésiastiques qui supportent le poids du jour, qui forment toujours le premier ordre dans le travail et la peine, mais le troisième dans la hiérarchie, payent seuls les décimes, qui excèdent 3,400,000 livres par an. Les curés, même à portion congrue, sont imposés à 60,80 et même 120 livres ; les vicaires, qui ne subsistent que du fruit de leurs sueurs, sont taxés à 22 livres. Les 34,802 curés de France versent donc 3,897,024 livres chaque année dans la caisse du clergé. Les ecclésiastiques que l'on classe dans le second ordre, les gros bénéficiers et les prélats sont beaucoup moins cotisés en proportion; encore est-on dans l'usage de présenter aux évêques, comme étrennes du premier de l'an, la quittance de leur taxe! »

En sus de la part du diocèse dans les décimes ordinaires ou extraordinaires du clergé entier de France, les administrations épiscopales ajoutaient fréquemment 8 ou 900 livres pour l'impression de l'Ordo où Bref, petit guide des offices, que les curés élaient obligés d'acheter 7 à 8 sous à l'imprimeur privilégié ou au secrétaire de monseigneur (2). Divers autres objets indispensables aux prètres de campagne, bréviaires, catéchismes, cierges, habits et ornements, etc., ne leur étaient fournis que par privilége épiscopal, avec prime pour l'évèché.

Dans quelques diocèses s’exerçait encore, à la fin du dixhuitième siècle, le droit de dépouille, en vertu duquel les hardes des prêtres de dernière classe étaient saisies au nom et au profit de lévèque (3). A Rodez, ce droit avait été transformé en une rente dé 200 franes, que les ecclésiastiques inférieurs payaient à l'évèque, afin de pouvoir, en

(1) Doléances sur les surcharges que les gens du peuple supporlent, in-8° de 248 pages.

(2) Rozet, IL, 168.

(3) Boiteau, 139.