Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

LES TROIS CLERGÉS 69

Mais, s’écrient les curés réclamants, « un valet d'évêque n’a-t-il pas plus? »

De 700 livres, Ôôtez les décimes, il reste 620 livres. Retranchez la gouvernante, ses gages et sa nourriture, il reste 360 livres. Comptez le chauffage, la boisson, il reste 260, 160 livres.

Et l'on n’a pas parlé du pain! soit 480 livres. A la fin de l'année, Le curé congruiste aura touché 20 livres de moins que ce dont il avait besoin.

Le casuel a été laissé en dehors du compte. Maïs « l'indévotion du siècle et la dureté des temps ôtent même aux prêtres de campagne la ressource des honoraires des messes. »

D'ailleurs, le casuel leur répugne, et ils savent qu'il n'a jamais été perçu qu'en violation manifeste et du droit canonique et du droit civil ancien.

L'un des capitulaires par lesquels Charlemagne rendit la dime obligatoire pour tous les habitants dans toutes les paroisses, le capitulaire de l'an 801, porte qu'elle doit être appliquée à trois choses : l'entretien et l'ornement de l’église, le secours aux pauvres et aux voyageurs, la subsistance des prêtres et des clercs; et que, d'autre part, l'administration des sacrements sera gratuite (1).

Mais, de même que l’accaparement par le haut clergé des biens donnés à l'Église avait forcé d'instituer la dime, la captation de celle-ci et l'insuffisance des portions congrues avaient ramené l'usage des « droits casuels », quoique le chancelier de l'Hospital eût fait rappeler dans l'ordonnance de 1560 la gratuité des sacrements (2).

Dans l'Institution au droit canonique, l'abbé Fleury déclare « la simonie le plus grand des crimes après l’hé-

(1) Laferrière, Histoire du droit français. t. II, p. 273. (2) Laferrière, Essai sur l'histoire du droit français, t. I, p. 60.